Une société techno-industrielle de surveillance généralisée

 Une fois encore, je me sens le devoir de rappeler le problème écologique, social et ses conséquences sanitaires sur les humains, que provoque notre système capitaliste technologique et industriel. Et pourtant, ces catastrophes (pollution, maladies modernes, mutation et propagation de virus due aux libres circulations, aux élevages intensifs surpeuplés, à la destruction des écosystèmes et lieux de vie des animaux, aux manipulations biotechnologiques, etc,…) sont sous nos yeux, malgré les appels à une décroissance ou une limite (noms de deux magazines écologiques) des comportements et mode de vie humains, alors que ce sont les grandes entreprises et les plus riches qui polluent le plus (là où les partis  écologistes, soumis au capitalisme et au green washing, pénalisent les plus pauvres, par exemple en taxant leurs vieilles voitures afin de les obliger à acheter des voitures électriques non écologiques (créant des conflits et des désastres extractifs pour les batteries de Lithium), qui ravissent le portefeuille des industriels bien plus pollueurs).

Nous n’avons pas besoin de plus de technologie, nous avons besoin de plus de soins et d’attentions portés aux humains : concrètement plus de respect des droits du travail, d’accès à des logements décents, d’un espace vital, de nature, d’activités sportives, de nourriture saine, moins d’écran, plus de liens sociaux, d’art et de beauté, de raison d’exister, d’histoires créant un socle commun nous rappelant d’où on vient et où on va :  » Depuis des racines et vers des cimes « , trajectoire plus digne et spirituelle que  » venir d’un petit studio miteux pour aller se faire exploiter par une grande entreprise « . 

Tout ce déploiement technologique nous rapproche du modèle de crédit social chinois où chaque individu est contrôlé par drones, smartphones, QR code, caméra à reconnaissances faciales, et noté selon ses activités pour pouvoir accéder ou non à des services (qu’il pait pourtant avec ses taxes et impôts). 

« À Hong Kong, les autorités ont imposé le port de bracelets connectés à tout individu placé en quarantaine et présentant des symptômes du virus. Ces e-bracelets associés au smartphone permettent de géolocaliser les individus cibles afin de les empêcher de quitter leur domicile. Les responsables publics précisent en conférence de presse qu’aucune donnée ne sera récoltée sur les habitants surveillés. «Si jamais ce bracelet est endommagé ou si le téléphone portable associé est utilisé hors du domicile, une notification sera immédiatement envoyée au département de santé et à la police», explique le chef de la communication de la région, Victor Lam. Selon le média suisse Heidi News, les contrevenants risquent jusqu’à 6 mois de prison et 5000 dollars hongkongais d’amende, soit près de 587 euros.« 

Ce n’est pas étonnant que ces lois sur le passe sanitaire à QR Code interviennent après les lois de sécurité globale permettant la collecte de données personnelles, le déploiement de drones et le traçage numérique du cheptel humain. Le gouvernement avait déjà tenté cela en juin 2020 avec l’application  » Stopcovid « , développée sans rémunérer les travailleurs bénévoles, mais coûtant à l’État entre 200 000 et 300 000 euros par mois de maintenance. L’application n’étant pas obligatoire, celle-ci représenta un échec et fut remplacée par l’application  » Tous AntiCovid « , nécessaire pour présenter son passe sanitaire.

Ce déploiement technologique rentre dans le programme de  » Smart cities « , de voitures électriques autonomes, de casques et accessoires à réalités virtuelles et augmentées, d’objets connectés centralisant les informations à l’aide du réseau 5G. En effet, ce réseau énergivore et polluant, permettra de croiser plus rapidement et en plus grande quantité un nombre important de data sur le comportement et donc les autorisations données aux individus, limitant leur liberté de circuler, de s’exprimer, de se réunir, de s’organiser ou de s’autonomiser. Nos données médicales et personnelles seront ainsi gérées par les GAFAM et autres institutions contre nos intérêts, et ne pourront par exemple plus permettre à certaines personnes malades d’accéder à une assurance, un prêt bancaire, voire un emploi ou un logement. Notre compte bancaire à monnaie numérique pourrait être fermé, si on ne pense pas comme il faut ou si nous refusons de nous soumettre aux consignes sanitaires de confinement ou de ségrégation, et sans argent liquide ni structure pouvant le recevoir on ne pourra même plus acheter de quoi pouvoir manger. Malheureusement ces idées ne sont pas l’œuvre de scénaristes de films, mais elles circulent déjà dans les réunions de sénateurs sous la forme de  » plateforme numérique  » qu’ils appellent par exemple Crisis Data Hub.

La collecte des données a des avantages économiques et stratégiques commerciaux pour les marques ou même les assurances et l’immobilier, mais elle permet également d’établir des algorithmes prédictifs en analysant des masses de données, tels ceux utilisés par le trading à haute fréquence. Elle participe à créer un monde nous imposant une trajectoire sociale et professionnelle qu’on ne décide pas, effacer notre libre arbitre pour répondre aux seules  » opportunités  » que ce système voudra bien nous donner, à l’instar des scenarii de sciences-fiction comme dans la saison 3 de la série Westworld ou le film Bienvenue à Gattaca.

La CNIL elle-même présente ce danger : « Le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception »

Selon La Quadrature du Net :  » La Technopolice esquisse d’ores et déjà un mode de régulation social fondé sur la détection et l’exclusion de toute personne considérée comme déviante ou comme ayant un comportement « anormal » aux yeux de l’État et des entreprises de sécurité qui définissent ensemble et de manière opaque les nouvelles normes de comportement en société. « 

Le virus nous impose un  » État d’urgence sanitaire « , comme le terrorisme en 2015 nous imposait un État d’urgence facilitant les perquisitions, la surveillance d’individus et la dissolution d’associations. Il n’est que le prétexte au contrôle, à la destruction des libertés et la surveillance de masse, et de la même façon les gouvernements nous diront qu’il  » faut vivre avec « . 

Extrait de « Manifester contre le passe sanitaire », à paraître dans Rébellion n°93

Texte et illustrations : Holy Mane, septembre 2021

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