UNE BARRICADE MYSTERIEUSE : un texte rare de Jean Parvulesco

Jean Parvulesco était un des collaborateurs réguliers de Rébellion dans les années 2000. Voici un texte de 2009 issus du numéro 37 de Rébellion.  

Quelle « rupture de conscience » ?

   Avec son dernier livre, Les Insoumis, paru chez fayard, Eric Neuhoff marque devant nous une trace fatale, établit une barricade mystérieuse en reconnaissant, ainsi, la présence-là d’une frontière infranchissable entre les temps « qui ne sont déjà plus » et les temps « inprépensables qui viennent ». Ces temps « qui ne sont déjà plus » en appelant à ceux qu’Eric Neuhoff appelle Les Insoumis, à savoir Maurice Ronet, Pascal Jardin, Jean-Pierre Rassam, Pau Gégauff et Dominique de Roux.

A première vue, ceux-ci n’entretenaient plus ou moins aucune relation suivie et consciente entre eux ni entre leurs engagements propres, littéraires ou autres, chacun n’ayant eu à œuvrer que pour son propre compte, en ordre dispersé. 

Il faut en convenir, ce livre révélateur que l’on attendait sans l’attendre depuis déjà un certain temps tout en ignorant d’où il allait pouvoir nous en venir, concernait, surtout, le fait d’une certaine rupture définitive de conscience. Peut-être assez tard venue, reconnaissons-le, cette « rupture de conscience » ; mais je crois bien que celle-ci ne manquera pas d’amener au jour, directement, ce que l’on pourrait considérer, à présent, comme étant, aussi, une sorte de ministère établi d’avance pour Eric Neuhoff. Comme une tâche dont il lui reviendrait personnellement d’assurer la responsabilité visionnaire.

Or ce retard, pour ne pas dire cet empêchement à l’accès révélateur d’un certain changement radical de conscience, appelé à définir très précisément l’état intime de l’histoire qui est actuellement la nôtre, ne peut pas en même temps ne pas définir aussi un sens dissimulé la soutenant par en dessous, dont je ne sais pas tout à fait encore si j’ai pu en trouver la clef interdite. Et y aurait-il donc ainsi, dans tout cela, l’effet d’une « heure prévue d’avance » ? On est fortement tenté de le croire.

Dans la juste vision qui semblerait être celle d’Eric Neuhoff, tout tourne autour de ces cinq « insoumis » et de leur troublant ministère commun, plus ou moins encore indiscernable.

Cependant, le temps, cet impitoyable révélateur, ayant à présent achevé son œuvre, les cinq « insoumis », qui avaient apparemment agi chacun de son côté, se montreront, du coup, comme situés sur une même ligne de combat. Eric Neuhoff a donc compris qu’il lui fallait mettre ensemble ces intraitables « insoumis » d’arrière-garde, et reconnaître à ce groupement un statut symboliquement unitaire. Ainsi a-t-il eu l’intuition rectificative d’intégrer dans une structure spectrale d’ensemble, essentiellement prophétique, les cinq « insoumis » et leur commune prédestination secrète, dont seulement à présent on peut s’aventurer à saisir l’importance décisive pour les temps « déjà derniers » qui avaient été les leurs et ceux de leur monde évanouissant.

Le rituel du double plongeon de Saint-Cast

Or il se fait que les « cinq insoumis » d’Eric Neuhoff m’avaient été, tous les cinq, à moi, des compagnons très proches tout le long des années de ma jeunesse, des amis intimes avec lesquels j’avais eu à partager entièrement ma vie, au jour le jour. Ainsi, d’entrée de jeu, je m’avouerai quelque peu interloqué par l’authenticité si intensément vivante du témoignage d’Eric Neuhoff sur la vie personnelle, les itinéraires et la prédestination de ces cinq « insoumis ». Comment en est-il arrivé à connaître toutes ces choses confidentielles de leurs vies, les connaître à profusion ? Un peu moins, d’ailleurs, à ce qui me semble, sur Jean-Paul Rassam et Dominique de Roux, mais en tout cas d’une fort étroite manière sur les intimités de Maurice Ronet, Pascal Jardin, et, surtout, de Paul Gégauff ?

L’année où l’Armée Rouge allait écraser dans le sang le soulèvement de Budapest, Eric Rohmer, Jean-Luc Godard, moi-même ainsi que deux jeunes filles dans le cinéma, du proche entourage de René Clément, nous étions allés passer quinze jours à Saint-Cast, près de Saint Malo, chez Paul Gégauff, jeune marié, habitant avec sa femme, Simone, une grande villa bourgeoise au bord de la mer, propriété du père de Simone, important notable de l’endroit. Il faisait un temps splendide, vraiment un temps de fin d’été, alors que nous étions déjà en novembre.

Or, le soir même de notre arrivée sur place, nous étions allés, ensemble, vers minuit, au bord de la mer, en haut de la falaise. Alors que, assis tranquillement dans le noir, nous regardions au-dessus de nous le spectacle des étoiles scintillantes, saisi, sur le coup même, par je ne sais quelle crise soudaine d’imbécillité, je m’étais écrié, bien fort, « chienne sublime, reçois-moi dans tes bras glacés », pour qu’aussitôt après je me jette tout droit, habillé, dans la mer qui bouillonnait en bas. L’eau n’était pas trop froide, mais c’étaient les écumes tourbillonnantes qui gâchaient l’affaire. Cependant, quelques instants après mon saut, j’avais entendu, dans le noir, le bruit sourd d’une chute sur ma droite, et me rendais compte qu’à son tour, Jean-Luc Godard venait de faire, tout habillé, son plongeon. Quel rituel avions-nous donc accompli ainsi, tout à fait inconsciemment ?

Par la suite nous avions, il m’en souvient encore, de rudes difficultés à remonter vers le haut de la falaise, nous accrochant péniblement aux rochers glissants, incertains, tétanisés par la peur de la chute. Mais j’étais – nous étions, Jean-Luc Godard et moi – assez contents d’avoir pu imposer à Paul Gégauff cette exhibition, qui par la suite nous avait – à ce qu’il me semble – accordé une espèce d’admiration dédaigneuse.

J’avais alors eu à connaître un Paul Gégauff singulièrement apaisé, qui faisait chaque jour – admirablement – la cuisine, écrivant sans répit dans un vieux cahier d’écolier ce qu’il prétendait être un roman (avec des caractères minuscules, et remplissant entièrement les pages, sans laisser aucune marge de blanc).

On écoutait, toute la journée, de la musique, du Bach, du Beethoven. Nous nous étions tous laissé prendre dans la nasse dangereuse d’une certaine suspension du temps.

Une tombe à Vauréal, non profanée

Quelques mois après notre échappée à Saint-Cast, et après avoir réussi sa sensationnelle percée dans le cinéma français, Paul Gégauff avait loué à Vauréal, près de Pontoise, une belle propriété de maître, à deux étages et, derrière celle-ci, un jardin apparemment sans limites mais totalement embroussaillé. Et sur la même lancée, il s’était payé une sorte d’ordonnance, un ancien légionnaire déserteur de la Légion Etrangère, un hongrois blond, silencieux, toujours aux aguets. Invités par le nouveau maître des lieux à nous y rendre pour goûter le « fameux coq au vin » concocté par lui, Eric Rohmer et moi nous y sommes allés par un troublant soir de juillet. Longtemps attablés et faisant honneur sans retenue aux vins rouges de haute classe spécialement choisis par Paul Gégauff, le légionnaire debout derrière nous, on s’était laissés partir dans une sorte d’ivresse progressive qui tenait plutôt d’un état second, du vertige hypnotique.

Or, au milieu du grand salon, occupant toute la hauteur du mur, il y avait une toile à l’huile, de facture classique, représentant la dernière maîtresse des lieux, une jeune femme brune d’une beauté renversante, rehaussée par un décolleté presque obscène ; que l’on savait morte depuis au moins une trentaine d’années et qui, de son temps, avait provoqué pas mal de ravages, dont le suicide sentimental d’un diplomate roumain. Son corps, à présent, se trouvait enseveli quelque part au fond du grand parc. Je ne sais pas comment l’idée nous en était venue, mais il me souvient que nous l’adoptâmes tout de suite, d’aller chercher sa tombe, pour la déterrer (et même d’essayer de la violer, c’est tout dire de l’état dans lequel nous nous trouvions cette nuit-là, vers minuit). 

Mais arrivés sur place au terme d’une interminable errance dans la nuit, paralysés devant la tombe que nous nous étions promis de profaner, nous avions soudain été pris tous les trois, dans les affres d’une terreur inouïe, aussi glaciale que sournoise, nous sauvant à quatre pattes et en couinant de ce lieu hanté parce que l’on ne pouvait du coup plus nous tenir debout, destitués par la trouille noire et plus que noire, inconcevable, dont nous nous partagions à bout de souffle les assauts déchaînés, l’œuvre hagarde d’ombre et d’endeuillement à la remontée.

En rentrant du parc, dans l’impossibilité de supporter ne fût-ce qu’un seul instant de plus l’atmosphère des lieux et ses sommets d’épouvante, nous avions pris tout de suite la voiture maison en nous sauvant droit devant nous, pour atterrir, à Paris, dans un bar à gouines tout à fait dans le vent, Le Bouton, où Paul Gégauff était connu depuis longtemps – et apprécié – sous l’identité avantageuse de « Monsieur le Baron ».

Cette nuit-là, les choses devaient s’enchaîner d’une manière plutôt particulière, difficilement avouable, et c’est pourquoi je préfère ne pas m’étendre là-dessus.

La fille du Président des Etats-Unis

Car dès notre entrée au Bouton, nous avions repéré – vraie incitation du destin – une jeune fille extrêmement séduisante perchée, au bar, sur une haute chaise, comme exposée à l’imprévu. Qui avait quelque chose d’étrange, comme une aura d’invite, de provocation inconsciente. Seule, perchée en avant sur le bar, et qu’escortaient d’une manière pas tellement discrète quatre cognes en civil. Or, celle-ci, aussitôt draguée à fond par « Monsieur le Baron », apparaissait au bout d’un certain temps comme étant la fille de Lyndon Johnson, le Président des Etats-Unis en fonction, innocente perverse sortie cette nuit-là à demi clandestinement pour se donner le « frisson fatal » en faisant semblant de s’encanailler « à la parisienne » (ou ce qu’elle croyait être cela).

Sans doute avertis par les cognes de l’escorte, vers les trois heures du matin une forte dame élégante fit son apparition, accompagnée par un dur en veston de cuir, pour récupérer la jeune fougueuse passablement beurrée. Mais ce n’est tout de même pas – ce n’est pas impossible – que les choses se fussent passées ainsi, en réalité ; pas tout à fait ainsi.

Il faut bien le croire, j’en ai la profonde conviction, que chaque jour de la vie de Paul Gégauff avait comporté une part d’inattendu, d’abrupte provocation. De haute poésie secrète.

Il faut aussi s’en souvenir, Paul Gégauff avait toujours eu autour de lui, « à disposition », un cour fournie et frémissante, sur laquelle il régnait royalement, d’écrivains, de cinéastes, de comédiens, d’hommes politiques et de malfrats, voire de débiles. Mais son action nihiliste va l’emporter toujours, sur tout. Eric Neuhoff : « Belle gueule de Viking. Un culot formidable, des manières inimitables. Rien ne l’arrête ». La mort ? Peut-être.

Ce qui doit vraiment rester de son œuvre ? Une pièce de théâtre qui, entre temps, s’est peut-être perdue, et son film paroxystique, Les bonnes femmes. La pièce de théâtre s’intitulait Mon Colonel.

Et à cet égard, il faut également citer son film, Le Reflux, dont il avait fait l’adaptation, écrit le scénario et assuré lui-même la mise en scène, en Polynésie. Et qui n’est jamais sorti en salle.

Pour moi, reste aussi, la séquence extraordinaire, hors d’atteinte où, dans Le Week-end de Jean-Luc Godard, il apparaît en train de jouer au piano dans la cour d’une ferme crade, sous la neige. Du sublime.

Un souhait suspendu

Finalement, il me semble que je dois néanmoins avancer qu’Eric Neuhoff n’a pas su – ou pas voulu – pénétrer jusque dans les ultimes profondeurs existentielles de Paul Gégauff. Car le dandy à la fois réactionnaire et nihiliste des Bonnes femmes portait en lui, secrètement, une lancinante fêlure originaire, dont la manifestation voilée s’impose à travers une inimaginable marginalisation de tout accès authentique vers la « femme supérieure », vers l’ « amour suprême » et ses dépassements extatiques. L’ombre qui s’étend ainsi sur toute l’existence de Paul Gégauff n’est autre, tragiquement, que celle de la « femme totale » à jamais absente. Et ce qui aura aussi compté négativement, c’est l’insupportable dégoût à l’égard de ce qui allait devenir – en accéléré – l’actualité irrémédiablement pourrie de la civilisation européenne, dévastée par la conspiration mondiale du « capitalisme apatride » et de ce que cela signifie.

Mais surtout, sans doute, l’interdit qu’il lui fallait accepter de ne pas être un « écrivain à part entière ». Dans le plus caché de sa conscience, il ne pouvait absolument pas se pardonner de ne pas pouvoir prétendre à être un « grand écrivain », qu’il lui fallait ainsi se voir sans cesse revenir au mystère de son « souhait suspendu ». De ce que Pierre Klossowski avait appelé, lui, « la vocation suspendue ».

Trois coups de surin. Adios.

Et la fin, le « terme de la course » ? Eric Neuhoff : « C’est la nuit de Noël. Il faut fêter ça. Gégauff s’y emploie. Les fiestas, ça le connaît. Qu’est-ce qu’on boit, en Norvège, pour le réveillon ? Gjovir est à une centaine de kilomètres d’Oslo. La maison appartient à la mère de Coco. La petite Elise dort au premier. Il est trois heures et demie, ce 25 décembre 1983. Au dîner, les bouteilles se sont succédées. Les angles s’arrondissent. La réalité se met à tanguer. Dans la cuisine, une dispute a éclaté entre les époux. La scène, brutale et sauvage, ne dure que quelques secondes. Coco attrape un couteau, et assène trois coups à Gégauff. Il s’effondre. La mort est instantanée. Plan suivant : Coco, ivre, est désemparée. Elle lâche le couteau qui rebondit avec un bruit terrible sur le carrelage. Elle se dit que cela va réveiller sa fille. Coupez. »

 A l’enseigne du Bœuf Couronné

Je ne saurais pas ne pas le reconnaître : je regrette, en fait, de m’être ainsi laissé attarder sur certains de mes propres souvenirs concernant Paul Gégauff. Mais je tiens, en même temps, mon présent témoignage pour une libre contribution au travail exemplaire d’Eric Neuhof sur l’auteur de Mon Colonel. Car tout ce qui persiste à perpétuer la présence spectrale de Paul Gégauff parmi nous me paraît en effet chose bienvenue, justicière, ce qui d’ailleurs est vrai aussi pour le reste des « insoumis » évoqué par Eric Neuhoff.   Maurice Ronet, Pascal Jardin, Jean-Pierre Rassam, Dominique de Roux : je relaterai peut-être un jour, ne fût-ce que partiellement, ce que nous avions alors vécu ensemble en des temps dont nous n’avions pas tellement la conscience qu’ils risquaient de signifier la fin d’un monde qui de toutes les façons n’allait plus jamais revenir, des temps d’insouciance et de certitudes finalement factices. Je m’arrêterai là, en passant, sur une révélation que je suppose tout à fait inattendue, inconcevable même, concernant l’attention secrètement éveillée – confidentiellement, très confidentiellement – que Maurice Ronet accordait aux « sciences occultes, interdites ». Il se trouvait en effet lui-même à la tête d’une organisation initiatique placée sous l’ancien signe de Mithra, le Bœuf Couronné, qui détenait son nom et siégeait dans un restaurant à l’enseigne, précisément, du Bœuf Couronné, près des abattoirs de La Villette Signe de reconnaissance, un porte-clefs comportant la figure d’un bœuf couronné entouré de cinq étoiles (le mien était en or massif, « distinction majeure »).

On s’y retrouvait à quelques-uns, « triés sur le volet », autour de Maurice Ronet, deux fois par mois, le soir, pour consommer ensemble des grands morceaux de viandes rouges grillées ; qu’accompagnaient les vins les mieux adéquats, chargés d’ouvrir devant nous une par une les portes les plus scellées.

Sous la présidence effective de Maurice Ronet, et souvent, aussi, en la présence d’un évêque co-adjuteur de Paris, Mgr A.G., nous utilisions les pratiques d’une sorcellerie paysanne ancestrale, axée sur l’Etoile du Matin et le serment périlleux d’un héroïsme spirituel ritualisé en provenance d’un « outre monde », et qui nous y ramenait. Une maçonnerie supérieure, conférant des « pouvoirs supérieurs » représentant la face invisible d’un culte mithraïque avancé. Mithra, préfiguration prophétique de Jésus Christ, le taureau sacrifié et le sang versé de celui-ci réaménageant en arrière Jésus crucifié dont le sang doit sauver ceux qui le suivent, et dont nous faisions notre propre sang, liturgiquement. Des choses fort difficilement abordables, et non sans danger, reconnaissons-le.

Et plus encore. Dans le parc profond d’un ancien château de Provence, à moitié en ruine, il y avait un sanctuaire souterrain où l’on devait nous réunir, en état de rêve éveillé, autour d’uns statue de Mithra le représentant en train de sacrifier le taureau solaire lors d’une cérémonie taurobolique annuelle, à chaque solstice d’été.

Il se fait donc que je parle ici dans les termes d’un dessein suractivant et, en l’occurrence, entièrement responsable, voulu tel, révélant l’«autre face » de Maurice Ronet, parfaitement inconnue – je crois – à ce jour. Et j’ai aussi compris qu’il fallait que je le fasse en prenant le risque de certains démentis concernant l’engagement personnel de Maurice Ronet à l’égard du « Bœuf Couronné », dont j’aborde, pour la première fois, le souvenir si soigneusement caché jusqu’à présent. Mais ce sont là peut-être des choses déjà bien révolues.

Il n’y a pas d’alternative

La seule urgence, qui s’impose en ces temps de honte et de déréliction finale, apparemment sans plus aucune délivrance, se laisse pourtant surprendre comme celle de l’approche décisive d’une certaine signification sous-entendue qu’avance très à propos le livre d’Eric Neuhof, Les Insoumis. Car ce livre amène, et propose d’une manière à peine voilée, la réponse agissante d’une brutale rupture de conscience. La réponse salvatrice dont chacun de son côté et tous les cinq ensemble « les insoumis » d’Eric Neuhoff avaient déjà entamé le concept de l’opération déconditionnante.

L’a-t-on compris ? La réponse administrée par leurs choix personnels, par leurs prises de position, manifestes ou sous-entendues, à l’égard de la terreur larvaire, aveugle et paralysante, à la domination actuellement inconditionnelle des ténèbres, va se montrer, à présent, de plus en plus juste, comme la seule valable. Or il faut faire grande attention : il n’y a pas d’alternative. La « barricade mystérieuse » fait la loi.

Car ce que j’appelle leur « réponse » implique un refus immédiat, une rupture totale de conscience avec les abdications et le deuil profond de l’être qui sont à présent ceux de nos propres vies compromises d’avance, marquées.

Est-ce possible ? Le possible, tous les crétins en cortège en font leur misérable condition ontologique. Mais, nous autres, les insoumis de tous bords, nous avons fait, lucides, tragiquement lucides, le choix dangereux de l’impossible. Vivre en permanence au bord d’un gouffre ouvert.

Les nôtres, écrit Eric Neuhoff, « ils avaient sûrement deviné quel était le vrai visage de l’homme. Ca n’était pas beau à voir. Un tel rythme réclame le plein emploi de toutes ses facultés. A la longue, c’est usant. Un jour, il faut payer. Cash. ».

                                                                                                       Jean Parvulesco

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