Pourquoi je suis socialiste-révolutionnaire ?

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je suis humain et que je me révolte contre un système qui a engendré un monde inhumain. Avant toute réflexion, avant tout jugement, c’est l’homme en moi qui dit non. Dans un monde humain existe le pire mais le meilleur est aussi possible et une chance est laissée à ce possible. Mais dans un monde inhumain où l’homme est soumis à la dictature capitaliste, aliéné à la technique, où tout est modélisé, contrôlé, formaté, il y a un total asservissement de l’humain dans ce qu’il a de plus profond et de plus intime. Dans ce monde là, il faut abandonner tout espoir car son but ultime est la destruction de l’humain et de toute vie.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que le système capitaliste est un système totalitaire qui veut nous imposer la passivité pour mieux nous soumettre. Il réduit l’homme à une formule mathématique, à des facteurs biologiques et économiques pour permettre à une infime minorité d’exploiter la majorité.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je suis né dans ce monde capitaliste où l’argent est roi, où tout s’achète et où tout se vend, où je ne suis qu’une marchandise au milieu d’autres marchandises.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je pense que l’homme est plus que cela, que vivre ce n’est pas consommer mais se battre contre toute forme d’oppression et qu’il est du devoir de chacun de reprendre son destin en main.

Je suis socialiste-révolutionnaire mais je ne vois pas le peuple drapé de toutes les vertus et attendant fébrilement qu’une avant-garde éclairée détenant La Vérité vienne à lui. Je ne suis pas un militant professionnel, « inaccessible au désespoir » qui « ne combat pas pour rendre le peuple heureux mais pour lui imposer un idéal », de ceux qui se veulent avant-garde de la libération et qui ne sont que les agents de toutes les servitudes. Leur idéal du militant froid, déterminé, est un idéal de technicien, d’un homme ayant déjà abdiqué une part de son humanité pour devenir une machine.

Je suis socialiste-révolutionnaire et je sais que ce ne sont pas les machines qui nous sauveront des machines, qu’être impitoyable et implacable nous plongera encore plus dans l’inhumanité que l’on croit combattre Je connais le désespoir, le goût amer des défaites et des trahisons, les lâchetés que l’on subit et que l’on commet, les emballements des possibles victoires. Et je vois tous les jours où nous mène l’idéal consumériste et marchand pour ne pas refuser ces « idéaux » qu’on impose.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je crois que ce dont le monde a besoin ce n’est pas d’avant-garde, de fanatiques, de bourreaux mais d’hommes et de femmes debout, d’humains tout simplement.

Je suis socialiste-révolutionnaire seul au milieu de gens qui ne le sont pas mais je ne vois pas le peuple drapé de tous les vices, quand il devient objet de mépris et qu’on se plaît à l’affubler des noms de « populace », « masse », « éternels esclaves voués à toutes les servitudes ».

Je suis socialiste-révolutionnaire et je connais et me méfie de l’ivresse de se proclamer aristocrate, meilleur parmi les meilleurs, afin de tourner le dos à ce monde qui ne me mérite pas pour me retirer dans ma tour d’ivoire, dans mon île déserte, ou seul au milieu des cimes. Seul ? Pas si seul puisque on peut y rencontrer d’autres aristocraties, celles des nantis et autres domestiques de l’Empire, et on peut alors y communier ensemble dans la même foi, mélange de narcissisme, de nihilisme et de mépris pour les faibles, les pauvres, le peuple. C’est vrai qu’on peut se désintéresser et mépriser tout ce qui se passe dans le monde, vivre dans l’illusion de sa toute-puissance. Mais il ne faut pas oublier que ce sont eux les maîtres et un jour c’est moi qu’ils chasseront de ma tour d’ivoire, c’est mon île déserte qu’ils envahiront, ce sont de mes cimes qu’ils me feront descendre pour subir le sort commun de la « populace », de la « canaille », des « esclaves ». On découvre alors que le désert qu’on a crée autour de soi emprisonne plus inexorablement que n’importe quelle cellule. On croitchevaucher le tigre alors qu’on est seulement juché sur une baudruche gonflée de son égoïsme et de sa vanité.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je lutte contre la tentation de l’indifférence, l’envie de baisser les bras, de me résigner, de me noyer pour oublier ma révolte dans le Spectacle et la Marchandise, d’accepter le monde tel qu’il est et d’y creuser mon petit trou en attendant la mort. Car là où disparaît le sens de la justice, et par là même la révolte contre l’injustice, il n’y a plus d’humanité possible.

Je suis socialiste-révolutionnaire mais je ne crois pas au Grand Soir et aux lendemains qui chantent. Je me contente, sans désir de pouvoir ou de domination, de faire ce qui me semble juste, non pas au nom d’une théorie ou d’une autre, seulement parce qu’il le faut, parce que le capitalisme est inhumain et totalitaire et qu’il doit être combattu . Et je sais que je ne suis pas seul car avec moi, et partout dans le monde, d’autres mènent le même combat que le mien.

Je suis socialiste-révolutionnaire et j’agis ici et maintenant avec toutes celles et tous ceux qui veulent se battre. Le seul combat qui importe aujourd’hui est le combat contre le système totalitaire marchand. Je laisse dans leur passé révolu les partisans d’une pureté fantasmée, qui incapables ou refusant de remettre en cause les fondements du système qui les exploite, se vengent de leur impuissance sur des boucs émissaires qu’on livre à leur colère. A leur inhumanité je préfère une humanité socialiste en action.

Je suis socialiste-révolutionnaire non pas parce que je me reconnaitrais dans telle ou telle définition mais parce que au delà des mots et de leur signification, il y a un symbole, une histoire, un espoir, un étendard des peuples en lutte hier et aujourd’hui contre le capitalisme.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je suis humain.

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