MMA : Victoire du français Ciryl Gane pour le premier événement UFC en France.
Longtemps interdit en France, le MMA vient d’organiser son plus gros tournoi officiel samedi 3 septembre 2022. Jugé trop barbare et souffrant d’une réputation sulfureuse et controversée faite de combats clandestins et d’hyperviolence, les Arts Martiaux Mixtes (Mixed Martial Arts) mélangeant entre autres la boxe anglaise et thaïlandaise, la lutte, le judo ou encore le ju-jitsu brésilien ont connu une soirée historique grâce à l’événement organisé par la plus importante ligue de ce sport. L’UFC (Ultimate Fighting Championship), créé en 1993 et géré aujourd’hui par Dana White, a réussi à faire partir les 15 000 à 20 000 (1) places de l’Accor Arena – Paris Bercy en quelques minutes, malgré des places allant de 83 à 1591,20 euros, battant ainsi les record de billetterie de Bercy avec 3,4 millions d’euros. Environ 200 000 personnes étaient inscrites sur la liste d’attente, permettant de remplir deux fois le Stade de France.
Interrogé par le Figaro (2), Benoît Saint-Denis qui a ouvert la première des cinq victoires des combattants français, précise :
« L’objectif de tous les combattants est de rejoindre l’UFC, qui est considéré comme l’équivalent de la Ligue des champions au foot. On veut tous y accéder car quand tu es champion d’UFC, tu es le meilleur de ta catégorie de poids au monde. Pour la première fois, cela arrive en France donc ça représente le résultat du très gros travail des pionniers français dans le MMA et de beaucoup de monde pour obtenir sa légalisation et des combats sur le sol français. »
Subissant une grosse pression pour être interdit, le MMA ou le free-fight (combat libre), avec ses coups de pied, de poing, de genou, de coude, ses coups au sol avec étranglements et clés à l’intérieur d’une cage en forme d’octogone tapissée de tatami, était officiellement critiqué pour porter « atteinte à la dignité humaine ». Le patron de la Fédération française de Judo Jean-Luc Rougé allait jusqu’à affirmer en 2015 que «Le MMA était un refuge pour jihadistes». Mais avec les efforts de passionnés et de la ministre déléguée chargée des Sports Roxana Maracineanu, le MMA est finalement légalisé et placé sous l’égide de la Fédération française de boxe depuis janvier 2020. Cela permet une réglementation stricte avec des règles précises et des médecins formés sur les tournois.
C’est ainsi qu’un premier tournoi a eu lieu le 8 octobre 2020 au palais des sports Maurice-Thorez de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) accueillant, pandémie oblige, 1500 spectateurs. Le 10 octobre s’enchaîne un autre tournoi organisé par la ligue du Bellator à l’Accor Arena avec 1000 personnes venues assister aux treize combats dont celui mené par le français Cheick Kongo.
Mais la tête d’affiche de l’événement de samedi dernier était la rencontre de la catégorie des poids lourds Ciryl Gane classé numéro un et Tai Tuivasa classé numéro trois, précédé des poids moyens Robert Whittaker numéro un et Marvin Vettori numéro 3.
La soirée qui a duré plus de 6 heures s’est ouverte avec la rencontre des combattantes Stéphanie Egger et Alin Perez.
Le français de 26 ans Benoît Saint-Denis a ensuite remporté son troisième combat à l’UFC après une première défaite et une victoire. Son surnom « God of War » venant du jeu vidéo et de son passé dans les forces spéciales au service de la France lui impose une attitude guerrière très concentrée et déterminée, qui lui aura permis de mettre Knock Out dès les premières secondes du deuxième round, son adversaire brésilien Gabriel Miranda. Benoît Saint-Denis qui arbore fièrement un tatouage en hommage aux Templiers incarne avec son humilité et sa force les principes du combattant aux valeurs chevaleresque qu’il a toujours voulu être. Sa prestation lui vaudra la prime de « performance de la soirée ».
Farès Ziam a également battu son adversaire polonais Kamil Figlak, William Gomis « le jaguar » a lui aussi remporté son premier combat à l’UFC face à Jarno Errens et Nassourdine Imavov « the Sniper », d’origine daghestanaise nous a offert un beau spectacle de rapidité, d’agilité et d’électricité face à l’américain Joaquin Buckley qui n’avait pas cessé ces derniers jours de le provoquer pour faire monter la pression du combat. Les cinq français ont tous fait honneur au public venu nombreux les encourager.
Mais il faut rappeler l’excellent moment que nous a fait vivre Ciryl Gane « Bon Gamin », (10 victoires et 1 défaite) face à l’australien Tai Tuisava (15 victoires et 3 défaites).
Après sa dernière défaite face à Ngannou le 23 janvier dernier en Californie, le combattant de 32 ans entraîné par Fernand Lopez nous est apparu détendu et confiant. Chauffé par le speaker emblématique Bruce Buffer, en présence de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, sous les applaudissements et les chants notamment celui de la Marseillaise du public, les deux poids lourds nous ont offert un spectacle saisissant dans une bonne ambiance entre gros sourire et très très gros coups de poings et de pieds.
Le français d’ 1,95 mètre pour 112 kilos présente sur sa poitrine un tatouage de style Sak Yant du bouddhisme et chamanisme du sud de la péninsule indochinoise censé donner la protection des esprits, rappelant ses années de boxe thaïlandaise. En face, Tuisava porte sur les jambes et le bas du ventre un tatouage polynésien en référence aux origines de son père venant des îles Samoa et de sa mère aborigène d’Australie, rappelant l’héritage guerrier de ces traditions, malgré une jeunesse dans la banlieue difficile de Sydney à laquelle il fait référence avec un tatouage à l’intérieur de sa lèvre.
Très vite, Tai Tuisava casse le rythme en portant un grand coup à Ciryl Gane qui met ce dernier Knock down, c’est le choc, mais le français se relève mais continue à se prendre des coups. Il se reprend, l’australien évite et encaisse des coups incroyables, Gane se fait aussi toucher, mais finalement il arrive à donner des coups qui rendent Knock Out l’incroyable puissance de Tuisava.
Le vainqueur remercie le public en disant :
«On se posait la question de l’accueil à Paris mais il n’y a plus aucun doute, la France a un des tout meilleurs publics de la planète.»
Il avouera plus tard avoir combattu blessé :
« Ma côte était fracturée et déplacée il y a un peu plus de trois semaines… Mais c’était impossible d’annuler le combat ! »
David Shaw, le vice-président de l’organisation américaine, est ravi et prend rendez-vous pour faire revenir l’UFC en France dès l’année prochaine. Même si tout ce gros spectacle à l’américaine, très capitaliste, peut soulever certaines questions sur le divertissement, il est sûr que cela apportera une renommée et une évolution positive pour la pratique du MMA en France.
Texte et illustration : Holy Mane
(1) 20 000 places selon https://www.eurosport.fr/mixed-martial-arts/ufc/2022/ufc-une-ambiance-folle-et-les-meilleurs-fans-au-monde-le-mma-a-fait-chavirer-paris_sto9123447/story.shtml
(2) https://www.lefigaro.fr/sports/mma/benoit-saint-denis-present-a-l-ufc-paris-je-veux-rendre-fier-et-heureux-le-public-francais-20220901