L’affaire Dekhar: Que devient le rêve, quand le rêve est fini ? 

Il y a des événements qui font resurgir une époque révolue de la même manière que si vous croisiez un fantôme. Le procès de l’équipée d’Abdelhakim Dekhar en novembre 2013  a ravivé notre mémoire.

Loin de vouloir faire l’apologie du couple Maupin-Rey, je suis obligé de reconnaître que leur équipée sanglante dans une France endormie m’a fasciné, par de nombreux aspects, à l’époque. Il faut se rappeler ces années de glaciation de la guerre sociale. Suite à l’effondrement du Bloc de l’Est et la trahison du peuple par une Gauche avide de prendre sa part dans l’âge d’or du turbo-capitaliste, rien ne semblait remettre en cause la domination du capitalisme en pleine phase de globalisation. Surtout pas une «Extrême-Gauche» en phase de décomposition accélérée et de débilité anti-fasciste. Evoluant dans cette ambiance (ils furent proches de la CNT et du SCALP, et de la « mouvance autonome » parisienne de l’époque), le couple fut happé dans cette spirale d’échecs, incarnée par Abdelhakim Dekhar. Son cas est d’ailleurs symptomatique de toutes les pathologies que les mouvements dissidents peuvent attirer ou produire. A la fois « gourou » de la pseudo radicalité, mythomane et probablement indic de la Police, il porte probablement un part importante dans un passage à l’acte stupide qui devait se terminer place de la Nation pour Maupin et dans le box des assises pour Rey.

 La police sur les lieux de la fusillade 

Pour avoir voulu vivre la révolution et non la mimer comme beaucoup, ce couple s’est engagé dans la voie sans retour de l’action violente. Ils ont voulu que la vie réelle triomphe de la survie au quotidien dans la « société du spectacle ». Ils se sont trompé de cible, en visant des valets du système et non la tête de Big Brother. Complètement isolés (le fameux Abdelhakim Dekhar avait foutu le camp avant la fusillade), leur révolte n’effraya le bourgeois que le temps d’une nuit (c’est toujours cela de gagné pourrez-vous dire…) et fut sans lendemain.

A l’époque, il fallait ne pas être dupe de l’image que les médias à la solde du système ont voulu donner de Florence Rey et Audry Maupin pour comprendre cela. Les journalistes avaient mis en scène l’affaire pour en faire un remake du film «Tueurs-nés» en évacuant l’aspect de contestation sociale. Les médias ont rejoué le même scénario avec la cavale du «tueur fou» . Certes Dekhar est un paumé bien utile pour décrédibiliser toute contestation anti-capitaliste. Voir nos médias et hommes politiques faire semblant de ne pas comprendre pourquoi un journal aussi dégoutant que Libération ou le centre d’affaire de la Défense pouvaient devenir des cibles légitimes de la colère ambiante est révélateur du cynisme de l’Oligarchie. Le système sait qu’il va devoir faire face à une montée désordonnée de la contestation sociale, il s’y prépare et va préparer l’opinion dès maintenant.

L’affaire Rey-Maupin nous avait juste donné un exemple auquel nous devions réfléchir pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Nous avons appris qu’il fallait éliminer les éléments nuisibles du style de Dekhar. Que les débiles, les provocateurs ou les fous pouvaient être aussi dangereux
que les lâches pour une organisation révolutionnaire. Les «travailleurs de la nuit» ont encore beaucoup de travail avant le petit matin de la Révolution …

Louis Alexandre 

Florence Rey durant son procès

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