Idées musicales : Comment dé-confiner son esprit

Pour mieux vivre cette période d’enfermement, tout les arts peuvent contribuer à libérer son esprit et notamment la musique. Ici je vous propose une petite sélection (forcément subjective) pour voyager en pensée dans la profondeur des siècles ou des contrées lointaines, autour de 15 albums de musique traditionnelles, folkloriques ou mystiques.

Pierre Lucius

OM : Advaitic Songs :

Le groupe originellement classé en stoner/doom livre ici un très bon album qui nous entraîne dans un Orient ésotérique entre révélation biblique et mantra hindous (d’où le nom de la formation). Idéal pour lire des textes sacrés ou s’évader dans des terres lointaines, tant qu’on est pas allergique aux percussions et aux quelques éclats de guitare électrique.

Rosa Crux : In Tenebris :

On a ici affaire à un groupe français qui s’inspire du Moyen-Age et de sa ville d’origine de Rouen pour délivrer un mysticisme noir. Les paroles sont uniquement en latin et traitent de sujets tel que la sorcellerie et la peste noire, ce qui n’est certes pas très joyeux mais peut permettre de relativiser l’époque actuelle en rappelant que l’humanité et l’Europe ont survécu à des temps bien plus difficiles. Le travail instrumental et chorégraphique est très poussé, à tel point qu’il a fait du groupe le fer de lance du genre « dark ritual » (entre gothique et musique sacrée) avec l’appui d’instruments anciens et de carillons cristallins du plus bel effet.

Malicorne : Almanach 

Ce groupe constitue la preuve a lui seul que la graine du mouvement hippie n’a pas donné que des arbres flétris. Certains comme Alan Stivell ou Malicorne ont contribué à la redécouverte d’un patrimoine poétique et musical jusqu’alors oublié, faisant entendre à nouveau vièle à roue ou dulcimer sur un répertoire traditionnel. A noter des timbres vocaux assez originaux qui ne laissent pas indifférents.

Anthologies de la chanson française : L’Histoire en chansons 

Voilà une très intéressante compilation qui revisite plusieurs siècles de l’Histoire de notre pays, et notamment les périodes révolutionnaires, à travers des chants populaires. De la Fronde à la Commune de Paris, par l’intermédiaire d’anonymes comme des plus grands chansonniers de l’époque (ex : Bérenger) on vibre à l’évocation de notre passé. Cela peut, de plus, être utile aux étudiants pour révisés un peu leurs cours d’Histoire.

Pouria Akhavas, Jahanbakhsh Rostami : Ey Sarkhoshan 

Pour les amateurs de musique orientale, ces deux auteurs revisitent le riche patrimoine musical persan avec des touches de musique classique.

Rome : Le Ceneri di Heliodoro 

Les amateurs de néofolk trouveront ici un des meilleurs albums de ces deux dernières années (et jusqu’à présent le meilleur du groupe), déclaration d’amour au patrimoine européen à grand renfort d’ambiances martiales et mélancoliques, samples bien choisis et chœurs puissants. Un album poétique où il n’y a rien à jeter.

Cult of youth : Cult of youth 

Un groupe et un album ma foi bien nommés tant ils débordent d’une énergie juvénile assez surprenante pour de la néofolk, mais agréable et rafraîchissante. Les musiciens étant américains on reconnaît une influence un peu country par moment (mais aussi post-punk) et la tonalité est plus joyeuse que dans la plupart des albums du genre.

Dead can Dance : The serpent’s egg 

Difficile de présenter un groupe d’une ampleur telle, avec prés de 30 ans de carrière et nombre d’excellents albums. Si les premiers étaient très ancrés dans la darkwave, à partir de The serpent’s egg on voit l’univers des musiciens évoluer avec l’ajout d’ambiances médiévales et liturgiques qui servent un propos doux-amer, aussi onirique que mélancolique mais en tout cas très spirituel.

Black Magic SS : Kaleidoscope Dreams 

C’est l’ovni de cette playlist, un groupe d’une subtile ironie qui mélange les recherches ésotériques de Himmler et des SS à l’esthétisme hippie (voyez les pochettes !) . Un son totalement flower power, avec orgue et mélodies psychédéliques, sur un heavy metal vitaminé. La musique yéyé d’un univers alternatif ?

Daemonya Nymphe : Krataia Asterope 

Malgré son nom, ce groupe ne donne pas dans le metal et n’a pas de références diaboliques : il s’agit d’une tentative de faire une musique plongeant ses racines dans l’antiquité grecque et en particulier son culte religieux. Le résultat est plutôt bon, l’ambiance rituelle est bien présente et l’utilisation d’instruments anciens (lyre, aulos, pandoura) très efficace.

Corvus Corax : Cantus Buranus 

Voici un des groupes qui a popularisé la musique néo-médiévale en Allemagne dés le début des années 1990, en lui donnant un caractère orchestral et théâtral fort impressionnant : sa réputation s’appuie en partie sur des costumes bariolés et l’usage d’instruments géants de leur propre cru. Cet album est un ambitieux opéra médiéval reprenant des poèmes de Carmina Burana avec des chœurs virevoltant et soutenant parfaitement la musique. Épique !

Wardruna : Gap var Ginnunga 

Les amateurs de culture scandinave et d’ambiances odinistes feraient bien de jeter une oreille sur cet excellent album (dont certains morceaux ont illustré la récente série Vikings), qui nous plonge dans une mystique des âges héroïques et donne envie de remettre les drakkars à l’eau pour partir à la conquête de l’Europe, ou de se baigner dans les fjords glacés de Norvège.

Jannerwein : Abendläuten 

Ce groupe autrichien pratique une néofolk influencée par la poésie romantique et la culture alpine. Autant dire qu’on retrouve ici tout le charme mélancolique de la musique montagnarde, avec ses chœurs et instruments traditionnels. Pour les amateurs de grands espaces et les wandervogelq voulant fuir le cauchemar des métropoles modernes.

Nustrat Fateh Ali Khan : Shahen-shah 

L’artiste dont il est ici question est une véritable star au Pakistan et en Inde, un maître de la musique soufie à laquelle il a été initié depuis ses sept ans. A son actif près de 125 enregistrements, dont ce Shahen-shah qui est un des sommets de cette musique sacrée dite « qawwali » et une œuvre dont on ressent toute la dévotion par l’intermédiaire du rythme et de la technique vocale.

Woven hand : Mosaic 

Terminons avec un brin d’Americana, cette musique syncrétique qui comme son nom l’indique mélange les styles musicaux traditionnels du pays de l’oncle Sam : un peu de country, de blues, de folk assaisonnées d’un brin d’ambiance gothique. Et dans le genre autant commencer par cet excellent album, presque chamanique, toujours incantatoire.

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