Les humeurs noires de Charles Vincent : L’arme chimique est une arme psychologique
Aussi nulle créature n’est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte.
Épître aux Hébreux 4:13
Combien de temps, combien de temps encore ?
Serge Reggiani, Le temps qui reste
Bachar el-Assad serait donc à la fois un monstre avide de sang et un abruti. Donald Trump venait d’annoncer sa volonté de retirer les troupes américaines de Syrie. Ne nous racontons pas d’histoires : en raison de son histoire complexe, de sa diversité ethnico-religieuse et des enjeux énergétiques majeurs auxquels il est mêlé, il y avait encore un long chemin à parcourir avant que ce pays devienne aussi paisible que le canton de Vaud ou le Royaume du Bhoutan. Mais la population était en droit d’espérer une atténuation progressive du conflit. Et là, pas de chance : le « boucher de Damas » pète une durite et ordonne un lâcher de gaz chloré sur la ville de Douma, déjà le théâtre d’une bataille entre les forces républicaines et l’ASL en 2012 et dont le nom, par une ironie providentielle, est un homophone de celui de la chambre basse du Parlement de Russie. Comme le démontre l’emballement médiatico-politico-militaire qui a dans la seconde suivi cette attaque présumée, l’intérêt stratégique est proche du néant pour Assad. C’est à se demander s’il sait lire et additionner 2 et 2. Il n’aurait pas trouvé son diplôme en ophtalmologie dans un Kinder Suprise par hasard ?
Supposons que cette attaque a effectivement été commanditée par « le régime » (car si les gentils ont des gouvernements, les méchants ont des régimes, c’est plus effrayant dit comme ça). Quelle différence avec la lutte que mène depuis des années l’armée syrienne contre les agitateurs, qu’il s’agisse de Daesh, des égorgeurs modérés, des séparatistes Kurdes ou des 15 nanarcocos autogestionnaires dont l’extrême-gauche occidentale a fait ses nouvelles idoles ? Quelle différence avec une attaque au drone, au fusil mitrailleur, au tank ou à la machette ? Le problème, c’est le GAZ. Depuis le 29 avril 1997, un traité international interdit en effet l’utilisation d’armes chimiques. Fort bien. Pourquoi ? Le préambule du texte en question ne vous éclairera pas, se contentant d’énoncer comme une évidence que « les progrès dans le domaine de la chimie devraient être utilisés exclusivement au profit de l’humanité ». Je n’ai certes pas l’intention de soutenir le contraire, et ce traité n’est pas une dissertation philosophique. Il adopte au contraire le ton de la vérité révélée : Tu n’utiliseras pas d’armes chimiques. Parce que.
Nous associons l’utilisation de telles armes à deux événements constitutifs de notre psyché collective : les guerres mondiales. Enfin, surtout la seconde. Les jeunes générations savent, on peut l’espérer, que l’Europe a connu une véritable boucherie entre 1914 et 1918, mais le gaz moutarde n’est qu’un point de détail de cette histoire telle qu’elle est enseignée dans les fabriques d’incultes de l’Éducation Nationale. Pour les chambres à gaz du Troisième Reich, le traitement est bien différent : crime des crimes, horreur absolue, elle est le coeur brûlant du 20ème siècle, le début et la fin de notre morale… Mais quand on accuse le président syrien d’employer des armes chimiques contre le peuple, c’est l’ombre du nazisme qu’on fait planer sur l’homme à abattre. Saddam Hussein a eu droit au même traitement en 2003. L’Occidental doit s’indigner et ne plus penser à l’évocation d’un gaz qui tue. Il a été dressé pour cela. Mais les consciences se réveillent, même aux États-Unis : ainsi ce twittos peu radical, qu’on ne saurait accuser de sympathie pour Bachar, Poutine ou Hitler, qui faisait remarquer dès l’annonce par Trump de l’éventualité d’un retrait des troupes de Syrie que l’attaque à l’arme chimique était écrite dans la suite des événements.
L’urgence oblige à la concision : c’est les sionistes et les islamistes qui se frottent les mains .
Charles Vincent