Gilets jaunes V/S Police
La rupture est totale entre les Gilets Jaunes et la police. Cette coupure est le fruit d’une années de répression d’un mouvement populaire sans précédent.
Ce 2 octobre dernier, des milliers de policiers répondant à l’appel de leurs syndicats défilaient à Paris. Ceux-là même qui nous faisaient face dans l’affrontement, LBD éhontément braqué, protestaient contre leur stigmatisation et la pénibilité de leurs conditions de travail à l’origine des 53 suicides dans la profession.
Cette perte pourrait nous être commune : nous ont été enlevés ceux pour qui la situation était intenable, ceux qui, même jusque dans l’administration, n’ont pas supporté abandonner le peuple pour servir d’échanson au pouvoir.
Ne reste plus, à nous, que les amateurs de brutalité. Et ils le sont : la logique de déresponsabilisation qui consiste à ne condamner que les ordres pour absoudre celui qui les applique justifie, en dernière instance, la mise à mort de la victime par son bourreau. Ils n’ont fait qu’obéir, et pourtant, ce n’est pas le commanditaire qui porte le coup ; c’est le policier qui frappe de sa matraque, d’un geste sciemment placé pour faire mal, sciemment dosé pour blesser.
C’est le policier qui, en connaissance de cause, tire au visage de celui qu’il aurait dû protéger. Sans vergogne, ils dénoncent la violence à laquelle ils sont soumis, mais qu’en est-il de la leur ? Qui a saigné, et qui a mutilé ? Ils ont marqué les chairs de ceux qui, plus audacieux, ont osé secouer les chaînes, défier un système mortifère qui n’a pu se défendre autrement que par la répression.
Et la police, en tant qu’appareil coercitif de l’Etat, a déjà choisi son camp. Rempart acerbe du pouvoir, nous continuerons à l’affronter, et à moins qu’un sursaut d’humanité et de conscience ne la traverse, l’histoire se chargera de la juger… et ceux qui l’écriront n’oublierons pas.
Camille Mordelynch