Entretien avec Michael Guerin : « Un esprit sain dans un corps sain »
Issus du courant traditionaliste-révolutionnaire, Michael Guerin s’adresse à ceux qui ont intégré le point de vue évolien dans son prochain livre « Age de Fer » ( à paraitre chez Avatar édition).
R/ « Un esprit sain dans un corps sain » est une devise à suivre à tout moment de l’existence. Comment vivre sainement le confinement pour vous ?
Il me semble que la première chose à faire est de se déconnecter du flux permanent d’informations (contradictoires le plus souvent) liées à la situation actuelle. Il faut ici appliquer une philosophie stoïcienne, à savoir faire en sorte que les éléments sur lesquels nous n’avons aucune emprise n’aient aucune emprise sur nous. Ce confinement forcé doit être l’occasion de « décrocher » des réseaux sociaux et des préoccupations du quotidien, pour se concentrer sur le corps et l’esprit : faire du sport dans la mesure du possible, lire, méditer, prier… surtout ne cultiver aucune crainte ou espoir au regard de l’issue de la situation.
Nous pouvons bien sûr y réfléchir, mais sans pour autant s’attacher à nos réflexions qui ne sont pour l’heure nécessairement que des spéculations. Chacun peut, chez soi, trouver des programmes d’entraînements disponible sur Internet pour consolider son corps, tout comme il est aisé de rechercher des ouvrages qui accapareront notre attention durant les semaines d’enfermement qui vont suivre. C’est le moment de remettre en cause notre mode de vie bien trop souvent pollué par les toxiques, à commencer par l’alimentation.
C’est également le moment d’opérer un retour sur soi, et de réaliser que les agitations stériles du quotidien sont très souvent inutiles. Pour le corps comme pour l’esprit le confinement à ses vertus : si d’ordinaire nous somme prisonniers du bruit de la ville, du travail, des relations sociales souvent imposées, des masques qu’il faut porter et des conventions à respecter, l’isolation et le silence actuels sont l’occasion de déterminer à nouveau qui nous sommes, et ce que nous voulons être. Ce confinement peut alors devenir une désintoxication, repos de l’esprit et affirmation du corps. Ici c’est une question de capacité autant que de volonté : paniquer face à la solitude – ou craquer en famille – ou alors faire le choix d’embrasser la situation pour raviver des flammes intérieures que le quotidien tend trop souvent à étouffer.
R/ Votre prochain livre « âge de fer » évoque l’homme différencié. Comment définir aujourd’hui une démarche traditionaliste-révolutionnaire authentique ?
A mon sens le terme révolutionnaire n’a pas vocation à s’appliquer lorsqu’il est question de tradition. Sauf si l’on considère qu’au sein de la modernité étouffante, toute recherche intérieure constitue effectivement un acte révolutionnaire. Mon prochain livre « age de fer » propose en effet des pistes à ceux qui, tout en vivant au cœur de la Modernité, n’appartiennent pas à celle-ci. Je reviens souvent sur la notion d’homme différencié ou « d’équation personnelle » pour rappeler que suivre une tradition ou une voie spirituelle ne dépend qu’en partie des choix de l’individu, aussi déterminé soit-il. Les voies, les maîtres, les dieux et l’Absolu lui-même se révèlent à l’homme selon des modalités qui échappent à ce qu’il est possible d’appréhender sur un mode strictement rationnel et humain.
R/ Pensez-vous que cet épisode est une véritable rupture pour le système ?
La rupture est évidente ; la question est celle de sa dimension et de sa portée. S’agit-il d’une simple perturbation au cœur de l’ordre international libéral, ou bien d’une véritable redistribution des cartes ouvrant la voie à un nouveau système ?
La rupture c’est d’abord l’entrée officielle des sociétés démo libérales occidentales dans une phase totalitaire, caractérisée par le contrôle et la surveillance (comme l’évoque le sieur Attali). Les Français sont désormais habitués à devoir se munir d’un papier pour circuler sur leur territoire, tandis que des drones et des systèmes de collecte de données ou de « tracking » sont mis en place. Dans le même temps l’Europe marchande offre la preuve de son échec total, n’ayant jamais réussi à construire la solidarité européenne dont les gouvernants aiment se vanter ; au contraire, on constate de multiples oppositions au sein de la zone euro, notamment entre les pays du nord de l’UE et ceux du sud en ce qui concerne la gestion de la crise sanitaire, particulièrement dans sa dimension financière (l’exemple des coronabonds est probant).
Le maintien de l’UE sous sa forme actuelle après une pareille démonstration d’impuissance me paraît donc difficilement concevable sans mécanismes totalitaires. Quelle que soit l’issue de la crise, on voit que le covid 19 est avant tout un prétexte, une opportunité pour le gouvernement d’opérer une refonte politique et juridique du système : rappelons que ce ne sont pas moins de 25 ordonnances qui ont été prises en quelques jours au titre de la loi d’urgence, nombre d’entre elles n’ayant aucun rapport avec le domaine de la santé. C’est notamment le droit social qui est remis en cause, le Medef évoquant clairement l’augmentation du temps de travail, la réduction des congés payés et RTT, l’aggravation de la fiscalité pour rembourser la dette générée par les plans d’urgence. La méthodologie des acteurs du capitalisme financier est désormais plus agressive, le but du système restant le même à savoir le contrôle et l’exploitation des travailleurs toutes « classes » confondues. L’offensive psychologique se traduit également par la guerre de l’information que mènent les médias contre le peuple français, en vue de le conditionner par la peur. L’inéluctable crise économique qui se profile pourra donc effectivement propulser l’Europe vers un modèle marchand libéral-sécuritaire particulièrement oppressant et liberticide. Pour l’instant s’il est effectivement juste de parler de rupture, il est en tout cas trop tôt pour parler d’un effondrement du système. Le terme de mutation est bien plus approprié.
R/ Comment résister au contrôle social et à la cyber-surveillance ?
La planète compte 7 milliards d’habitants et nous vivons à l’heure des « Big data » ; chaque jour une quantité incommensurable d’informations circule par e-mail, SMS, Facebook, sans parler des innombrables applications telles que whatsapp ou snapchat.
Aucun pays ne dispose des ressources suffisantes pour assurer une surveillance totale et constante des citoyens. C’est pourquoi la cyber surveillance repose en grande partie sur la coopération des masses. Cela peut paraître choquant, mais le contrôle social au sein d’une démocratie repose sur une forme de volontariat de la part des citoyens…. Ce sont les individus qui choisissent d’utiliser quantité d’applications inutiles pour rester interconnectés en permanence, les individus qui choisissent de communiquer telle information ou photo aux dites applications. Bientôt ce seront les masses qui feront peut-être le choix de télécharger une attestation numérique ou de porter un carnet de vaccination sous-cutané.
Les moyens de pression ou d’influence dont disposent les gouvernements sont nombreux : conditionner l’accès à certaines écoles ou métiers à l’acceptation d’un implant, ou à l’adhésion à certains programmes de contrôle au nom de la sécurité (sanitaire). En Espagne ou au Japon certains jeunes ont déjà accepté il y a des années le port d’une puce sous-cutanée pour accéder à des lieux « VIP », dans certains nightclubs. En résumé c’est la faiblesse, le confort, la facilité et le manque de diligence qui facilitent le contrôle social. Il me semble qu’ici notre premier réflexe doit être de sortir de la dépendance au téléphone portable : pour éviter le tracking, laissez votre téléphone chez vous lorsque vous sortez. Il est utile pour qui va en montagne par exemple, en cas d’accident. Mais au quotidien, il faut réapprendre à laisser les portables dans leur coin. Il est également possible de revenir à des appareils qui ne sont pas « smart » ou de se procurer des téléphones sans abonnement chez un buraliste. Cela impose néanmoins de changer fréquemment de numéro : c’est là une faille exploitée par les trafiquants, je ne vois pas pourquoi les honnêtes gens ne pourraient pas en profiter également. Dans tous les cas il est nécessaire de sortir du piège de l’interconnexion permanente et de se débarrasser de toutes les applications inutiles (je pense notamment à Snapchat ou tiktoc qui font des ravages chez les jeunes). Ou en tout cas réduire leur utilisation. En s’habituant à être en permanence « branché au réseau », chaque citoyen se prépare inconsciemment à un système de note sociale à la chinoise.
Naturellement toute idée de puces, implants ou autres objets susceptibles d’altérer le fonctionnement/développement normal de l’individu doit être rejetée. La reconnaissance faciale ou digitale proposée par les fabricants de mobiles également. Sans aller jusqu’à vivre en forêt, il est tout à fait possible d’abandonner nos habitudes superflues, et de se détourner de nos écrans ; c’est là le seul moyen d’éviter le contrôle social moderne, tout en améliorant notre santé physique.
A lire de l’auteur :
Son Blog : https://retourauxforets.com
Daesh, un « Djihadisme » Moderne. Visage et Implications Géopolitiques, 2018, Avatar Editions.
Serbie-Kosovo. La fin du principe d’intégrité territoriale, 2017, Avatar Editions.
Age de Fer, Quel chemin pour l’homme différencié . A paraître. Editions Avatar
Retrouvez les livres de Michael Guerin sur https://avatardiffusion.com