Election présidentielle – 1er tour. Bis repetita

Suite au 1er tour de l’élection présidentielle, je voudrais dégager quelques grandes lignes. Aucune prétention de procéder à une analyse fine : d’une part, je ne dispose pas de tous les éléments nécessaires, d’autre part, il me semble dérisoire de porter trop d’intérêt à ce qui est insignifiant, à savoir le folklore politicien. La rupture avec le Système ne se fera pas dans les urnes, celui-ci veillant à ce qu’aucun candidat ne vienne troubler l’ordre établi. 

Des éléments de satisfaction.

Le rejet du Système se manifeste à chaque élection par une abstention de plus en plus massive, et c’est vrai également pour l’élection présidentielle. Il faut y ajouter les votes blancs et nuls, lesquels ne sont pas comptés dans les exprimés, ce qui est totalement anormal car l’électeur qui fait l’effort de se déplacer pour mettre un bulletin blanc ou nul exprime bien une opinion.

En 2022, le total « abstentions + Votes blancs et nuls » représente près de 28 % des inscrits. C’est donc le premier parti de France reléguant Macron près de 8 points derrière. Ce bloc « abstentions + Votes blancs et nuls » progresse de plus de deux millions d’électeurs par rapport à 2017.

La surprise indéniable (et sympathique) de ce scrutin réside dans la quasi disparition des anciens piliers du Système : PS (Hidalgo) et Républicains (LR représentée par la lamentable Pécresse). Qui aurait pu imaginer un score inférieur à 5 % pour Pécresse et son parti réduit à faire la manche auprès des militants faute de remboursement des frais de campagne par l’Etat ? 

Le faible score du nouveau venu Zemmour est une demi-surprise. Son démarrage en trombe boosté par tous les media (heureux hasard !)a pu faire croire à un possible deuxième tour Macron-Zemmour. Les limites de sa candidature sont vite apparues  et tout porte à croire que le produit Zemmour était bel et bien un artifice du Système pour siphonner des voix (tant celles de LR que du RN). Partition parfaite puisque cela a permis la réussite du scénario Macron – Le Pen au second tour. Sans la candidature Zemmour, Marine Le Pen se serait peut être retrouvée devant Macron encore que cela ne soit pas totalement évident, les électorats de l’un et de l’autre étant sociologiquement très différents. Ainsi, Eric Zemmour est deuxième à Versailles avec 8 494 voix quand Marine Le Pen est cinquième avec 3 948 voix. Et on pourrait multiplier les exemples : dans toutes les communes « bourgeoises », Zemmour se retrouve devant Le Pen.  A contrario, dans ses terres d’élection (Nord de la France, Est, entre autres), MLP fait de bons scores arrivant souvent première alors que Zemmour est à la peine. Ainsi, en Haute-Saône, MLP est première sur l’ensemble du département (34,6 % des exprimés) quand Zemmour est 4ème (7,18 % des exprimés). Ajoutons que Zemmour fait ses meilleurs scores en Israël chez les expatriés arrivant en 1ère position devant Macron !

Des éléments objectifs

La victoire de Macron est toute relative. Il gagne certes le premier tour avec un peu plus d’aisance qu’en 2017 mais avec 20 % des inscrits (1/5 de l’électorat), il ne peut se prévaloir d’une représentation du peuple français. Au deuxième tour, s’il est élu, il le sera avec une grande hétérogénéité de voix. De là à contester sa légitimité il n’y a qu’un pas et la contestation reprendra inévitablement dans la rue. 

Dès l’annonce des résultats du premier tour, la plupart des candidats (Jadot, Hidalgo, Pécresse et consorts) sont venus apporter leur voix à Macron. Pour d’autres, le discours consiste à « faire barrage à l’extrême droite » ! C’est le cas de Mélenchon. Quelle crédibilité aura Mélenchon quand il sera revenu dans l’opposition ? Il a très justement constaté le bilan désastreux du premier quinquennat de Macron mais il appelle à faire voter pour celui qu’il rêvait de battre dans un potentiel second tour. Voilà de quoi nous édifier (un peu plus) sur ce « cirque » électoral d’autant que le front ripoublicain va se mettre en branle et faire pleurer dans les chaumières face à l’imminence du danger fâchiste (sic). C’est vraiment accorder beaucoup de crédit à MLP, elle qui n’a cessé de mettre de l’eau dans son vin depuis des années. On assiste même à des scènes particulièrement comiques : Claude Guillon, animateur du blog Lignes de force, et bien connu dans les sphères anarchistes appelait à voter au premier tour Mélenchon pour que MLP ne soit pas au deuxième tour. Réaction de Guillon après les résultats du 1er tour : on peut lire sur son blog  

ABSTENTIONNISTES, VOTEURS ET VOTEUSES DE CHAPELLES, VOICI VOTRE ŒUVRE!, ce texte accompagnant les photos de Macron et Le Pen.  Défense de rire ! Les vieux anars doivent se retourner dans leur tombe et tous ceux –encore de ce monde – qui ont connu l’époque « Elections, piège à cons ».  

Même l’insipide Poutou, avec ses maigres 0,55 %, appelle à faire « barrage à l’extrême droite ». Seule, Nathalie Arthaud sauve l’honneur en ne donnant aucune consigne de vote à ses électeurs (1). Malgré les préventions que MLP peut nous inspirer (cohérence de son programme, faiblesse quantitative et qualitative de son entourage, …), il reste qu’elle est aujourd’hui, pour une part importante de la population, le symbole voire le porte-drapeau du « Bloc Populaire » pour qui l’impératif est de battre Macron. 

L’alternative pour ce second tour est soit de ne pas participer au Système (abstention, vote blanc ou nul), soit de mettre un bulletin Le Pen (même sans conviction). Chacun agira en conscience.       

Yannick Sauveur

NDLR : Dernière minute :

Jean Lassalle, qui a remporté 3,13 % des voix dimanche au premier tour de l’élection présidentielle, a indiqué ce lundi qu’il voterait blanc au second tour, sans choisir entre les deux finalistes Emmanuel Macron (LREM) et Marine Le Pen (RN).

“Je laisse à toutes celles et ceux qui ont bien voulu me faire confiance leur libre-choix pour dimanche 24 avril. Quant à moi, personnellement, je voterai blanc”, écrit dans un communiqué le député des Pyrénées-Atlantiques, arrivé en 7e position du 1er tour sous l’étiquette de son mouvement Résistons!, amassant plus d’un million de voix.

“Il n’y a rien de plus choquant que de considérer les Français comme incapables de choisir par eux-mêmes”, a-t-il ajouté.

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