Au-delà de la Gauche et de la Droite : Le Socialisme Révolutionnaire !
Il est toujours étonnant de constater l’attachement pour le vieux clivage Droite/Gauche de personnes se voulant en opposition avec le système. On peut comprendre que les médias et certains flics de la pensée aient besoin de classification simpliste pour enfermer tous les mouvements plus ou moins atypiques et contestataires, c’est leur rôle de réduire aux normes établies des courants échappant à leur logique idéologique.
Mais pourquoi les dissidents de ce système devraient-ils, eux aussi, reprendre le vocabulaire de leur adversaire pour se définir ? On vous répondra qu’il faut s’inscrire dans une tradition et dans un camp, qu’il est important de se situer dans l’imaginaire collectif. Mais ces arguments ne tiennent pas devant la réalité des enjeux du XXI° siècle. Plus que jamais nous sommes en dehors du jeu politique classique, par nos idées et notre action nous en sommes même la négation la plus totale.
Issu du placement des partis nés de la Révolution Française dans l’hémicycle de la Première Assemblée, ce clivage n’est pas pour nous un cadre indépassable à notre réflexion politique. Il n’y a pas de valeurs ou d’idées appartenant de manière propre et définitive à la Droite ou à la Gauche. Le glissement, durant les années 1980-1990, des principaux représentants des deux familles rivales françaises dans le consensus libéral, scellait la réconciliation des dirigeants bourgeois des deux factions. Il offrait la possibilité d’une juteuse répartition des gains et d’une stabilité confortable du jeu politique. Le capitalisme avec la démocratie libérale a réconcilié ses diverses tendances et renforcé son emprise sur la société. Plus aucune force ne peut venir le contrôler (comme le gaullisme) ou l’abattre (dans le cas du communisme) dans cette configuration ; l’oligarchie économique, médiatique et politique, a les mains libres pour assurer sa domination.
Notre orientation socialiste révolutionnaire laisse croire à certains que nous voulons nous rattacher à la Gauche. Nous allons les décevoir, car pour nous le terme de Gauche n’a pas de sens (même si on lui accole l’adjectif d’Extrême). Nous puisons nos références dans l’héritage du mouvement ouvrier révolutionnaire (si quelqu’un peut nous indiquer un seul texte où Marx, par exemple, se dit de gauche, nous sommes preneurs…) et dans la pensée socialiste dans sa diversité. Cette tradition n’est pas celle de la Gauche, qui en détourne des symboles pour s’en faire des oripeaux folkloriques. L’histoire de la Gauche commence dans la tradition de la bourgeoisie dite « progressiste », qui profitant de l’affaire Dreyfus fut amenée à conclure une alliance stratégique avec le monde ouvrier contre les forces réactionnaires et conservatrices pour sauver ses acquis. Elle soutient toujours le peuple comme la corde soutient le pendu, empêchant les travailleurs de mener à terme la lutte contre le capitalisme et les entrainant vers les impasses du réformisme moutonnier. L’idée de « l’Union de la gauche » apparaît toujours lorsque les travailleurs sont en situation de faiblesse et aboutit immanquablement à leur défaite et au triomphe de mesures favorables au capital, imposées par la social-démocratie. Le « gauchisme » suit pour sa part la même démarche, ajoutant juste un accent faussement révolutionnaire à la mystification. Cette dernière va recevoir un nouveau souffle avec Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne , formations adoubées par les médias.
Notre appel à un réveil populaire et patriotique conduit certains (de bonne ou de mauvaise foi ?) à considérer que nous serions un nouvel avatar de la « Droite populiste ». Là encore nous allons décevoir, car nous sommes étrangers à ce courant. Pour nous, les mouvements « populistes » par leur composition hétéroclite sont immanquablement brisés ou absorbés par le système. Sans orientations politiques claires, ils retombent vite ou stagnent dans le ressentiment. Ils sont souvent traversés par des courants qui sont extrêmement ambigus dans leurs rapports au capital. Ils sont souvent nostalgiques d’une période historique passée plutôt rêvée que réelle, d’un état antérieur idéalisé du développement du capital. L’abjection actuelle du système rend rétrospectivement idyllique l’existence sociale menée par les générations antérieures.
Dans la majorité des cas, les dirigeants et cadres populistes ne rêvent que d’intégrer l’établissement qu’ils feignaient de combattre. La même constatation est à faire mutatis mutandis pour la mouvance souverainiste, capable de quelques remarques pertinentes, mais ne se donnant pas les moyens militants de lutter contre la dynamique du capital ne reconnaissant d’autre souveraineté – en dernière instance – que celle de la valeur en procès.
Nous tendons sincèrement la main à ceux qui veulent combattre avec nous la domination capitaliste, mais nous affirmons franchement que c’est sur une ligne clairement socialiste que doit être mené le combat.
Au-delà de la Droite et de Gauche, le Socialisme Révolutionnaire doit avant tout être combatif et pugnace, car à nos yeux il est nécessaire d’instaurer un rapport de forces avec le système. Ayons en tête que celui-ci ne s’effondrera pas tout seul, et que même si une crise profonde le traverse, il faudra le combattre directement sur le terrain et lui opposer une alternative concrète et crédible. On ne peut faire éternellement comme si le réel n’existait pas. Pour agir sur celui-ci et non s’agiter fébrilement, il est urgent que chacun s’investisse sérieusement dans la construction d’une organisation politique solide et offensive.