Syrie et Proche-Orient: la guerre tiède d’un monde multipolaire
Fin septembre 2018, 7 ans de guerre ont passé. L’armée syrienne, agonisante face aux groupes armés islamistes composés et financés par les plus grandes puissances occidentales, sionistes ainsi que leurs alliés qataris saoudiens, est maintenant plus que déterminée à finir de libérer les 5 % restants de son territoire national qu’elle ne contrôle pas.
Printemps arabe, hiver islamiste, révolution, guerre civile, conflit mondial, ces qualificatifs décrivent l’évolution d’un conflit qui voit s’opposer d’un côté USA, Europe, Israel et golfiques, de l’autre Syrie, Iran, Hezbollah libanais, Russie et Chine. Les Turcs y faisant leur croisade personnelle contre leur meilleurs ennemis: les Kurdes.
Plus personne, à l’heure actuelle n’est en mesure de réfuter le fait que la République arabe syrienne, n’est en fait que le terrain de jeu d’oppositions de visées impérialistes divergentes.
Ces dernières ont le mérite de nous présenter les outils dernier cri de la guerre moderne:
– affrontement indirect par l’intermédiaire de forces et groupes armés locaux: armée syrienne versus kurdes et groupes islamistes;
– avènement d’une arme de destruction massive: la communication par médias interposés et instrumentalisés;
– utilisation d’armes chimiques mêlées d’hypocrisie et de lâcheté;
– porosité du conflit syrien: déferlement de Daesh chassé d’Irak vers la Syrie, instrumentalisation des aspirations kurdes pour affaiblir Syrie, Irak et Iran.
Les derniers évènements liés aux conflits proches orientaux, au regard de cet état des lieux, n’ont dès plus rien d’étonnants. Ils s’imbriquent en effet dans un échiquier, faisant passer les pires complotistes pour des sages clairvoyants. Le complotiste n’est en définitive qu’une personne qui se refuse à analyser des faits de manière isolée, il devient pertinent dès lors qu’il relie ces éléments tant spatialement que temporellement.
Comment ne pas s’étonner de voir conjointement les Américains renforcer leur présence au Kurdistan, menacer Bachar, avec leur allié français, de préparer une attaque chimique à Idlib au moment où le président syrien se prépare à détruire le dernier fief de pions impérialistes que sont ces groupes islamistes? Comment ne pas redoubler d’effroi quand au même moment Tsahal envoie ses avions sur le sud syrien, et que des Kurdes et agents occidentaux agissent en Iran dans le but de déstabiliser la grande puissance chiite régionale? Comment ne pas s’indigner d’une entente turco-russe établissant une zone tempon à Idlib, sur le sol syrien, sans la participation de l’armée nationale, et en même temps un accord russo-israélien, interdisant au milices iraniennes de soutenir l’armée syrienne dans la libération du sud ouest du pays, au bord des frontières israéliennes?
En d’autres termes: rien de nouveau sous le sham (« sham » signifie soleil en arabe, mais désigne aussi la région du Levant, l’Orient arabe). Les uns utilisent l’aspiration régionaliste pour tenter de détruire ces Etats Nations syriens et iraniens, les autres finissent, de part leur actions en Syrie, de solidifier une influence régionale impérissable.
A l’Est rien de nouveau donc: pendant que les Occidentaux se préparent à attaquer l’armée syrienne si des traces d’utilisation d’armes chimiques apparaissent, les Américains bombardent la région de phosphore. « Hayat Tahrir Al Sham » (« Vie et Liberté au Levant », nouveau nom de d’Al Qaïda en Syrie) entrepose des armes chimiques arrivées de l’étranger, et assassine de sang froid tout groupe d’opposition prêt à dialoguer avec le gouvernement… Les kurdes, marxistes – islamistes, revigorés par les américains, s’immiscent en Iran. Tashal envoie un avion de chasse en Syrie au même moment que l’aviation russe, créant ainsi la confusion dans l’armée syrienne, qui dans le doute abat un avion russe. Diviser pour mieux régner…
Seule question à se poser: ces agissements sont ils les derniers sursauts de l’impérialisme occidental?
Seul constat à apporter: le nouvel arbitre mondial s’appelle Poutine, et le Kremlin est bien sorti de ses cendres soviétiques…
Seule victime à déplorer, le peuple syrien et son armée redorant cet éternel dilemme: la Patrie ou la Mort !
François Christian Soury