Entretien avec Damien Tarel : Portrait d’un gifleur de président
Nous avons eu la chance de nous entretenir longuement avec Damien Tarel, l’homme de 29 ans qui a giflé le Président de la République Française Emmanuel Macron le 8 juin 2021 à Tain L’Hermitage.
Cet entretien riche a pu prendre la forme de 5 videos à retrouver prochainement sur la chaine YouTube de Rébellion. Pour que circulent nos débats d’idées et grandissent nos communautés, il faut occuper un maximum de médias et de plateformes. Investir le numérique est une stratégie, qui ne doit pas éclipser le réel, le papier, les conférences physiques et le militantisme de rue, il doit les soutenir. Nous invitons chacun à regarder et partager ces videos et l’ensemble de nos réseaux sociaux pour la lutte contre l’oligarchie.
Les médias mainstream ont voulu représenter Damien Tarel comme un dromois impulsif qui refuse le dialogue. Il a prouvé avec les échanges que nous avons eu qu’il aimait beaucoup discuter et que ce geste de la gifle, n’était pas l’oeuvre d’un déséquilibré, mais bien l’acte fort de contestation et de punition qu’il voulait donner, lui et les oubliés de la France périphérique qu’il défend, à la politique macronienne. Car cette société rappelle souvent aux contribuables qu’ils ont des droits, mais surtout des devoirs. Il faudrait aussi rappeler cela à la République et ses représentants élus : ils ont des droits mais surtout des devoirs envers leurs citoyens.
BFM TV a voulu profiter de cette occasion pour diaboliser une fois de plus (comme à l’époque de Mireille Dumas) les joueurs de Jeux de Rôle et leurs activités. Dans l’émission TPMP, on a critiqué les cheveux longs de l’auteur de « Montjoie ! Saint Denis ! A bas la Macronie ! ». Il est temps de reprendre le pouvoir aux médias dominants qui ne montrent qu’un modèle unique de citoyens « valables » pour le capitalisme, nous devons répéter et diffuser que nos valeurs (ce qui est « valable » à nos yeux) sont bien éloignées de celles de la bourgeoisie parisienne des plateaux Télé.
Dans nos entretiens vidéos, nous faisons le portrait de ce gifleur, mais nous avons surtout voulu leur donner la forme d’une conversation de café en les nommant « Café Rébellion » et mettre l’accent sur des échanges comme nous pourrions en avoir dans des lieux autrefois accessibles à tous sans apartheid QR codisé. Nous désirons mettre en avant la parole de personnes «du réel», des gens du peuple et de la classe laborieuse échangeant des idées, des ruraux s’investissant dans des associations locales. Nous parlons donc avec Damien Tarel de politique, des gilets jaunes, de religion, de royalisme, d’histoire, mais aussi de passions comme le jeu de rôle, les arts martiaux historiques européens, de ses inspirations comme Yukio Mishima, l’image de Conan le Barbare, nous abordons les thèmes de la mort, de la prison, de la figure du guerrier, mais aussi des questions de société comme le féminisme…
Et comme nous contribuons à donner du poids à la parole des « gens ordinaires », nous souhaitions lui poser quelques questions pour la version papier de la revue.
R/ Votre geste est porteur d’une signification immense. Pensiez-vous qu’il aurait un impact si important sur les esprits ?
J’ai pensé que ça serait un geste porteur de sens et comme tout ce qui a du sens ou une profondeur on peut supposer une grande résonance dans les esprits.
R/ Vous semblez n’avoir aucune haine envers la personne du président. Votre « soufflet » visait-il l’homme ou ce qu’il représente ?
Je n’ai pas visé Emmanuel Macron mais »Emmanuel Macron président de la République » ce qui est déjà en soi tout un symbole. Bien sûr je n’ai aucune haine contre les individus ou même la fonction présidentielle. Nul besoin d’animosité à leurs égards pour se battre physiquement ou moralement contre les personnes qui nous oppressent, cela demande plutôt de la volonté. Autrement dit, il s’agit plutôt d’une violence envers nous-même qu’il faut exercer pour nous pousser à agir.
R/ L’imaginaire chevaleresque et héroïque semble occuper une grande place dans votre vie. Comment faire vivre à notre époque cet esprit ?
C’est complexe car cet esprit est en totale opposition avec la pensée de notre époque. Aujourd’hui nous vivons dans un monde dominé par la pensée bourgeoise qui est depuis ses origines en opposition avec l’esprit chevaleresque.
Faire vivre cet esprit à notre époque, c’est quasiment vivre en décalage ou en opposition avec elle. C’est faire l’abnégation de tout ce qui nous est proposé aujourd’hui comme indispensable ou important ( l’individualité, le confort, la richesse, ) et de mettre au centre de sa vie tout ce qui nous est vendu comme risible, désuet voire même dangereux ( la communauté, l’honneur, les valeurs, ). Mais c’est avant tout par nos actions que cet esprit se concrétise car il s’agit avant tout d’un retour du concret. Sans ces actions il ne s’agit que de vague notion philosophique et moral, car notre vie au quotidien, est dans les faits conditionnée par la pensée bourgeoise dans une optique de survie
R/ Vous avez fait face à la justice et à la prison avec noblesse. Que gardez-vous de ce passage devant l’appareil répressif de l’Etat ?
Si je devais le formuler en un mot c’est avant tout la déception. Au niveau de la justice j’avais déjà été confronté à elle en tant que juré à cette époque je n’avais déjà pas une très bonne opinion de la justice. Mais cette expérience m’a marqué parce qui, de mon point de vue, semble être un cruel manque de discernement et de professionnalisme. Pour moi les professionnels de la justice ne font même pas l’effort d’être à la hauteur de celle-ci. J’en retire sans surprise la même conclusion de mon procès en tant qu’accusé.
Pour la prison j’en retire une vision d’un vague mélange entre une école et un hôpital au mieux inutile et inefficace, au pire contre-productif.
Si l’appareil d’État se limitait seulement au légal ce ne serait pas si grave. Mais la véritable prison et la véritable répression sont administratives. Telle une mafia, quelques haut gradés de l’administration zélés se permettent de multiplier les contrôles et de bloquer toutes avancées administratives comme pour ajouter une peine supplémentaire hors du cadre légal.
R/ Pensez-vous être le premier signal d’une plus vaste révolte populaire et périphérique ?
Je l’espère car c’est par l’action et par les actes que le meilleur émergera.
Retrouvez nos vidéos avec Damien Tarel sur https://www.youtube.com/channel/UCHQ3doJg_vWvAl0PqPeNW0g