Propositions de sortie de crise : Le peuple a le remède en lui !

Alors que proposons-nous face à cela ? Pour que cette crise ne soit pas une énième adaptation de la société à la feuille de route du turbo-capitalisme, il faut une réponse concrète et radicale. Si la société est en voie d’éclatement, il ne faut rien attendre des gouvernants et trouver en nous-même ce qui servira à reconstruire. Il n’y a rien d’inévitable au triomphe du capitalisme et au chaos qu’il génère.

Car les anticorps naissent de la lutte contre la maladie. Si la société française ne change pas forcément en « bien », elle voit aussi émerger de nouvelles classes sociales qui ont désormais conscience de leur force et de leur intérêt. La convergence entre les classes moyennes et ouvrières, les nouveaux ruraux et les anciens paysans, l’existence d’une dynamique de « retour vers l’autonomie » portée par des écologistes authentiques au sein de la « France Périphérique » sont des facteurs à prendre en compte. Une vaste recomposition culturelle s’opère. Certes elle est née du déclassement et de la relégation des classes populaires, mais elle fait naître une conscience collective face à ce danger.

Les questions sociales et identitaires sont liées

Les nouvelles classes populaires vont être dans l’obligation de résister face à un système qui les méprise et les domine. Leur force est d’abord leur enracinement dans un monde liquide et mouvant .

Le lien entre question sociale et question identitaire n’est plus tabou pour elles comme le remarque C. Guilluy dans son dernier livre (1) : « Ces questions identitaires sont d’autant plus fortes en milieu populaire que, contrairement aux classes supérieures, elles n’ont pas les moyens de la mise à distance. L’erreur serait de conclure à la primauté de la question identitaire sur la question sociale. La nature des nouvelles classes populaires est bien le produit de l’imbrication de ces deux notions. Si l’intensité de la question identitaire est corrélée au contexte social, la question sociale reste déterminante à l’intérieur de chaque groupe. Les “petits Blancs” ne se sentent pas plus représentés ou défendus par les “grands Blancs”, que les “petits Maghrébins, Noirs, juifs ou musulmans” par la bourgeoisie “noire, juive ou musulmane”… Autrement dit, la distance culturelle n’invalide pas la distance sociale. (…) »

C’est justement cette double rupture sociale et identitaire qui invalide tous les discours des universitaires indigénistes ou des bourgeois « libéral-identitaires ». C’est pour cela que les gens vont vers des solutions populistes ou participent à des mouvements comme les Gilets Jaunes des origines : « Dans leur majorité, les classes populaires opteront toujours pour un environnement culturellement et socialement familier qui permet de maintenir les solidarités et de préserver un capital social et culturel protecteur. Des solidarités contraintes qui ne pourraient s’exercer avec des milieux qui ne vivent pas cette réalité. C’est pourquoi, sous réserve qu’il existe un socle de valeurs communes et que ce mode de vie ne soit pas déstabilisé par des changements démographiques permanents, les classes populaires autochtones auront toujours plus à partager avec des classes populaires immigrées qu’avec des classes supérieures. S’il partage ses valeurs et sa langue, un ouvrier européen se sentira toujours plus proche d’un ouvrier d’origine maghrébine ou africaine que d’un bobo parisien blanc. Quelles que soient leurs origines, les classes populaires ont en commun un mode de vie et un attachement aux valeurs traditionnelles qui les opposent en tout point à l’individualisme libéral des classes dominantes. Ce que les élites feignent de définir comme du racisme n’est en réalité que la volonté des plus modestes de vivre dans un environnement où leurs valeurs restent des références majoritaires ».

Alors que le système mondialiste voulait généraliser un nomadisme universel, il se retrouve face à des gens qui veulent rester chez eux. Dans leur majorité, les gens n’aspirent pas à bouger mais à rester dans leur civilisation, leur pays, leur région. Surmédiatisée, présentée comme une évidence anthropologique, l’immigration internationale n’est plus un rêve. C’est une obligation ou une fuite, mais pas un idéal de finir livreur à vélo pour Uber.

Renverser la logique libérale, c’est mettre fin à une immigration sans contrôle et ouvrir de nouveaux rapports entre l’Europe et les autres aires de civilisations ( en particulier l’Afrique). C’est aussi fermer la vanne à la création de quartiers communautaires et au renouvellement de la main-d’œuvre des mafias et des trafics.

Refaire vivre la France populaire

Terre de relégation, la France Périphérique est touchée de plein fouet par les crises économiques. « Ces territoires, qui subissent depuis un demi-siècle les effets négatifs de la globalisation, mais aussi des crises conjoncturelles (comme la récession post-Covid), ne sortiront pas de l’impasse avec l’installation de quelques néoruraux ou réfugiés des grandes villes. Leur avenir dépend moins de l’arrivée de télétravailleurs que d’un changement de modèle. Si la relocalisation, les circuits courts et plus généralement le localisme apparaissent comme des pistes évidentes, elles butent fréquemment sur l’absence de volonté des pouvoirs publics mais surtout sur la réalité d’une société populaire fragilisée ».

Devant le « désert rural » , certains idiots , gavés à Game of Thrones, délirent sur un retour au réduit survivaliste « néoféodal ». Outre que ce modèle n’est pas très réjouissant quand on considère la vie autrement qu’une simple survie, on notera qu’il est inopérant pour des espaces géographiques et sociologiques comme ceux de la France actuelle. Alors que faire dans les zones rurales ? Les faire renaître comme cadre de vie communautaire dans un espace fleurissant.

C’était un peu le modèle que nous avions avancé avec les Communautés Populaires Offensives. Mais ce n’était qu’un projet purement théorique car nous n’avions pas vraiment encore compris l’importance du rapport de force en cours. Les communautés locales doivent trouver leur place dans un ensemble plus vaste pour pouvoir vivre à leur échelle. Fervent partisan du localisme, du fédéralisme et du mutualisme depuis l’origine, nous savons qu’il faut des échelons supérieurs à ce cadre pour assurer son plein développement et sa protection.

Comme le rappelle Guilluy : « Souvent évoqué, le localisme économique est en fait plus déclaratif qu’associé à des pratiques réelles. Pour se concrétiser, il a besoin de se combiner avec une dose de protectionnisme. Or c’est précisément ce que rejette majoritairement la classe politique. En réalité, pour les classes dominantes et supérieures, le localisme se résume à transférer leur mode de vie à la campagne. Ce qui est visé est moins la relocalisation des activités industrielles que l’évolution d’un mode de vie dans lequel les gens ordinaires font à peine partie du décor. Dans leur majorité, les territoires périphériques restent d’ailleurs très dépendants des produits importés de l’autre bout du monde mais aussi des transferts sociaux directs ou indirects de l’État. (…) »

Les Français populaires veulent consommer local, mais leur bourse ne le leur permet pas. Ils veulent vivre et travailler au pays, mais l’économie les prive de travail et l’État les réduit à l’assistanat. Dès lors, c’est pour que les campagnes ne soient plus une vaste zone périurbaine dégueulasse que les Français populaires vont désormais se révolter. C’est pour cela qu’ils veulent la liberté à la base et un État protecteur au sommet. Le modèle politique des prochaines années sera une synthèse de cette double demande.

Dans la crise du covid-19, nous avons vu les états libéraux ne pas savoir réagir à temps. Après 50 ans de libéralisation sans limite, il a fallu faire le choix de renforcer (timidement) les services publics, de limiter l’ouverture des frontières et de prendre des mesures de protection sociale fortes. Le régalien redevient une priorité dans l’urgence et on sent dans les hésitations des élites mondialistes leur désarroi face à leur échec historique.

C’est une leçon que le peuple va garder en tête. Le système est pris de court et se réveille incapable de gérer la situation. Comme nous l’avons dit, les classes populaires attendent de reprendre l’offensive. Le mouvement des Gilets Jaunes étant épuisé, qui prendra la suite ? La contestation des mesures de confinement sera-t-elle le prochain incendie ? Même si les Français sont intelligents et acceptent les mesures sanitaires quand elles sont logiques et de bon sens, la multiplication des directives dans ce domaine risque bien d’énerver une part de la population déjà bien échaudée.

Note / A lire :

1/ Christophe Guilluy, le Temps des Gens ordinaires, Flammarion, 208 pages.

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