Fréquence Soleil Vert : « Au vu du terrain déjà perdu, la contestation contre ce système ne peut qu’être radicale ».
Fréquence Soleil Vert est un média indépendant, présent sur Facebook et sur YouTube. Hostile à tout prêt-à-penser, quel qu’ils soient, il ne s’interdit aucune influence ou référence et cela de tout « bord ». Nous avons rencontré sa jeune équipe.
Rébellion : La rupture entre le peuple et « l’élite » est-elle le fruit de la gestion du Covid-19 par cette dernière ? Ou ses racines sont-elles plus anciennes ?
Fréquence Soleil Vert : Il apparaît évident que les élites se montrent encore une fois incapables de gouverner convenablement, entre les propos des membres du gouvernement qui se contredisent à chaque communiqué, une porte-parole toujours plus ridicule à chaque annonce officielle, ce gouvernement se discrédite chaque jour un peu plus. Mais en effet, il est important de souligner que cela ne date pas d’hier : l’élite politique et économique s’est toujours montrée dédaigneuse vis-à-vis du peuple, nous vous renvoyons simplement à l’Histoire ! La république bourgeoise a toujours délaissé les classes populaires au profit d’une bourgeoisie dirigeante. Si le peuple ne se reconnaît pas dans cette élite c’est bien parce qu’elle ne l’est plus. Le peuple n’est pas consulté, et quand il l’est, il n’est pas écouté : par exemple : le referendum sur la constitution européenne de 2005, où le non l’emporte mais le texte de la constitution refusée est glissé en douce dans le traité de Lisbonne en 2007. Et il y a tant d’autres exemples de cette séparation entre pays réel et pays légal, on l’a vu lors de la crise des gilets jaunes, encore une superbe gestion de la part des élites, qui surent allier un total mépris à une violente répression, le tout en dénonçant tout mouvement contestataire. Le Covid-19 n’est qu’un autre exemple de cette séparation entre peuple et élite.
R : À qui profite le confinement ?
FSV : Et bien comme d’habitude… toujours aux mêmes ! Même en période de crise sanitaire les GAFA continuent de se remplir les poches, les français sont confinés mais le capital lui… pas tellement. Juste à titre d’information, Netflix s’est fait 15 millions d’abonnés de plus en 3 mois, la plateforme Google a été deux fois plus visitée, Amazon a multiplié ses ventes, Facebook… eh bien pas de surprise, plein de clients donc plein de pub. Le grand confinement fait donc le bonheur de ces grandes entreprises et donc de leurs patrons, Jeff Bezos, le patron d’Amazon devrait devenir le premier trillionaire dans 5 ans. Mais si c’était seulement le grand capital qui en profitait… oui parce que notre gouvernement en profite aussi. Crise sanitaire = fin des rassemblements de contestation ! Donc plus de gilets jaunes, plus de grèves, plus d’opposition aux réformes, tout va bien ! Et puis la police en tire des avantages aussi, en se la jouant sheriff au Far West. Ils se sont bien fait plaisir avec l’équivalent de 150 millions d’euros d’amendes durant le confinement…
R : Entre surveillance de masse et développement des technologies de traçage, selon vous, l’état d’urgence sanitaire représente-t-il une nouvelle étape dans le contrôle des français ?
FSV : On passera le chapitre sur la loi Avia, que nos chers représentants ont fait passer en douce comme ça à l’Assemblée Nationale, et qui donne le pouvoir aux géants des réseaux sociaux de censurer encore plus rapidement certaines publications. Mais il apparaît évident que nous allons assister à une nouvelle ère de surveillance policière ; tous les propos contestataires sont déjà traqués sur le Web, mais pendant la pandémie, la France et l’Allemagne se sont montrées très enthousiastes pour développer le traçage sur le smartphone des personnes infectées et de leurs proches. Cette initiative avait été proposée par… Apple et Google. Les policiers dans la rue c’est dépassé, maintenant on va vous fliquer par les nouvelles technologies !
R : Vous avez réalisé une passionnante émission sur l’avenir du travail. Sommes-nous face à une transformation de fond de l’activité économique ? Pensez-vous que le Covid-19 sera l’occasion pour le capital de se restructurer une fois de plus ?
FSV : S’il y a un triste constat à faire sur l’économie, c’est que, malheureusement, les petites entreprises vont trinquer et les grandes s’en sortiront. Le capital a certes subi un revers mais parviendra tout de même à se restructurer, pas d’inquiétudes là-dessus, l’Effondrement n’est pas pour aujourd’hui. Le secteur économique se retrouvera vraiment transformé, les petites entreprises auront du mal à survivre, le confinement ayant marqué un coup d’arrêt majeur dans les productions, et cela dans tous les secteurs d’activité. Toutefois, le travail semble prendre une nouvelle forme, le capital a trouvé de nouveaux moyens pour reprendre l’activité. Le télétravail est une des grandes innovations permises par la technologie, qui permet aux entreprises de réduire la taille de leurs locaux, aux cadres de gérer leurs équipes tout en restant dans leurs agréables maisons de banlieue semi-urbaine. L’économie se restructure donc par le biais de la technologie dans le monde post-confinement, mais jusqu’où ?
R : Pour vous, les mouvances radicales ont-elles vraiment pris en compte l’importance de cette période historique ?
FSV : Nous refusons d’appartenir à un milieu, un marasme de velléités et de jalousie militante. Nous ne sommes certainement pas là pour juger les actions ou doctrines de ces différentes mouvances « radicales ». Il nous semble pourtant intéressant de mettre deux éléments en exergue : l’annonce de la catastrophe arrivée et le pari sécessionniste.
Prédit déjà par Bernanos, dans la France contre les robots, disséqué par la revue Immédiatement, annoncé par le Comité Invisible, l’avènement d’un monde techno-totalitaire est aujourd’hui avéré. De nombreux auteurs et revues dénoncent depuis des années, voire des décennies, les dérives sécuritaires et liberticides du système dans lequel nous vivons. Qu’elle soit de droite ou de gauche, la critique du capital et du libéralisme est constitutive de leurs radicalités. En effet, toute opposition à ce système ne peut être véritable qu’en remettant en cause le sacro-saint principe de la croissance économique et du progrès. Le monde dans lequel nous vivons est aujourd’hui clairement fracturé entre des zones hyperconnectées, où les flux ne cessent de se multiplier, où la croissance exponentielle est constante, et des zones abandonnées, sans intérêt, où les libertés concrètes refleurissent. Pour envisager l’avenir, nous vous renvoyons à la lecture de La France périphérique de Christophe Guilluy, à mettre en parallèle avec des ouvrages de science-fiction comme par exemple La zone du Dehors d’Alain Damasio (actuel rédacteur en chef de la revue Socialter). Par certains côtés, beaucoup d’ouvrages de SF nous montrent que l’avenir ne peut qu’être totalitaire et nécessiter une servilité volontaire des populations. Mais la conceptualisation de ces futurs possibles, si elle doit nous aider à analyser notre monde actuel, ne doit pas rester dans la théorie, mais nous pousser à nous plonger dans la réalisation d’actions concrètes.
La ZAD, la BAD, le communautarisme, le Pari Bénédictin (théorisé par Rod Dreher), tant de réalisations et de concepts dont le point commun est la volonté de sécession d’avec le monde techno-libertaire. Ces réalisations peuvent avoir des aspects plus ou moins radicaux ou plus ou moins extrémistes. Des communautés humaines se reforment avec d’autres projets que le confort et la consommation, avec le souhait de renouer avec leur humanité (plus ou moins fantasmée parfois…). La définition de cette humanité originelle varie grandement selon le positionnement sur l’échiquier philosophique et peut entraîner parfois des positionnements radicalement différents rendant l’ensemble de ces expériences irréconciliables entre elles : quels points communs entre un dreadeux, un paysan attaché à sa terre, des cathos tradis réunis autour d’une école hors contrat, un survivaliste apocalyptique et un professionnel du black bloc, si ce n’est une défiance, un refus du système actuel.
Ces différentes communautés plus ou moins achevées ont pourtant tendance à se multiplier. Il nous semble quelque peu absurde de parler de situation historique alors que le confinement de la pensée et des actions est déjà en place depuis plusieurs années. La liberté d’expression n’est plus qu’une vaste blague, la lutte sociale un souvenir même pas bon pour faire une série Netflix, et la révolution est devenue un délire d’adolescent. Nos contemporains vivent sous sédatifs et dans un confort décadent. Les dernières manifestations montrant les velléités du peuple à défendre ses libertés ont vite été matées ou tournées en dérision.
Au vu du terrain déjà perdu, la contestation contre ce système ne peut qu’être radicale. Certains ont déjà pris la mesure de l’ampleur de la catastrophe qui a déjà eu lieu. La vraie question est de savoir non pas si nous devons lutter mais par quel moyen pouvons-nous espérer vivre encore nos libertés.
R : Pensez-vous que l’après-confinement ouvre une dynamique de révolte populaire nouvelle et permette une reconfiguration radicale de l’opposition à l’oligarchie ?
FSV: Nous ne sommes pas à l’origine de ce mouvement de contestation. Nous ne pouvons qu’encourager, diffuser, promouvoir. Mais a-t-on déjà vu une radio faire des manifestations ? Nous ne lisons pas dans une boule de cristal, nous avons arrêté de sacrifier nos petits chatons pour lire dans leurs entrailles et nous avons perdu Panoramix dans la forêt. C’est donc pour l’instant compliqué de prédire l’avenir des révoltes en France. Les schémas de lutte corporatiste ou de lutte des classes sont abscons face à l’Homme Moderne, individu délié de toutes obligations ou communautés, esseulé à l’extrême face au système techno-libéral. Nous ne pouvons pas prévoir, nous ne pouvons qu’espérer et encourager toutes les initiatives qui telles de petits cailloux pourraient entraver les rouages dudit système. Nous appelons tout un chacun à s’engager dans des communautés humaines, politiques ou associatives en tissant ou retissant du lien permettant de freiner voir de stopper cette machine infernale.
Dans les guerres modernes, les plus puissants et les plus techniques des équipements, du char d’assaut au drone de combat, sont parfois mis en défaut par de simples éléments naturels : arbustes, buissons, grains de sables ou troupeaux de moutons. Ces agglomérats d’éléments de natures, de formes, de tailles diverses mettent en échec les puissances soi-disant invincibles et freinent voire changent le cours de l’histoire soi-disant inéluctable. Nous devons à l’instar de ces ensembles être protéiformes et tisser, retisser des liens qui seuls sauront durablement faire obstacle à leur monde.
Qui sommes-nous ?
Fréquence Soleil Vert est un média indépendant, présent sur Facebook et sur YouTube.
Hostile à toute idéologie et prêt-à-penser, quel qu’ils soient, il ne s’interdit aucune influence ou référence et cela de tout « bord ».
Constatant les méfaits du libéralisme, qui pollue et gangrène l’ensemble du monde, déracinant les peuples, tuant les sols et les âmes, nous nous érigeons contre cette idéologie mortifère du XXIème siècle. Les catastrophes que nous vivons, crise écologique ou récession économique, etc…, ne sont que des conséquences de l’avancée du libéralisme.
Nous voulons apporter à notre échelle des solutions concrètes face au rouleau compresseur libéral. L’enracinement (géographique, économique, culturel et identitaire) et la communauté (familiale, militante, professionnelle), sont les éléments de base permettant de commencer à résister. Convaincus qu’il n’y a pas de grands soirs mais que des petits matins, nous nous attachons à développer tout au long de nos émissions mensuelles (et quotidiennes pendant le confinement), une pensée éclectique et sans œillères pour appréhender et combattre au mieux le monde qui vient. Fréquence Soleil Vert se veut l’organe de diffusion d’idées efficaces pour une convergence des luttes de ceux qui veulent vivre libres, nous ouvrons les ondes à tout projet ou personne nous semblant intéressant, alors… tentez votre chance !
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