Confessions d’un repenti de l’illibéralisme : L’affaire Szájer

Modeste Schwartz revient sur cette affaire de moeurs révélatrice de l’emprise de la bien-pensance sanitaire dans le monde “post-covid” et de la faillite de “lillibéralisme” libéral-conservateur. L’auteur attaque pour faire mal, mais outrance est mise au service d’une réelle réflexion sur l’impasse que représente cette aménagement conservateur de la logique capitaliste à l’heure de la reprise en mains , au nom de notre “santé”, par l’oligarchie de nos sociétés.

En dépit des vidéos Facebook quotidiennement postées par le communicant Orbán pour tenter de placer le début de l’Avent (et, accessoirement, sa personne) au centre de l’attention, la première semaine de décembre 2020 pourra, rétrospectivement, être nommée la « semaine Szájer », tant cette semaine a été exclusivement consacrée au commentaire public et privé, analytique et humoristique, pro et (surtout) contra de « l’affaire Szájer ».

La gouttière de trop

Pour ceux qui auraient jusque-là séjourné sur une autre planète, rappelons que l’eurodéputé FIDESZ József Szájer, père de famille, membre fondateur du FIDESZ, compagnon des débuts politiques de Viktor Orbán, et juriste père de la constitution hongroise actuelle, a été surpris, au soir du dernier vendredi de novembre, dans une partouze homosexuelle bruxelloise – illégale du fait des « mesures sanitaires » – interrompue, suite à une dénonciation, par la police belge. N’omettons pas non plus ces détails qui ont, par la suite, contribué au piquant de l’affaire : des psychotropes interdits ont été trouvés dans le sac à dos de l’eurodéputé, lequel a, dans un premier temps, cherché à fuir en escaladant une gouttière. Le surlendemain, il annonçait sa démission du Parlement européen et du FIDESZ – démission approuvée par Viktor Orbán dans une déclaration de condamnation du style de vie de Szájer.

Depuis lors – à la faveur du rôle qu’avait joué Szájer dans la rédaction de la nouvelle constitution hongroise, qui proscrit le « mariage gay » – ces frères ennemis libéraux que sont le FIDESZ poussé dans les cordes et son opposition (tant « hongroise » qu’internationale) s’efforcent de donner au scandale une interprétation centrée autour du thème de l’homosexualité. Les libéraux de gauche hurlent à l’hypocrisie – ce à quoi les libéraux de droite répondent par des éloges (au demeurant non dénuées de justesse) de l’hypocrisie : mieux vaut assumer discrètement ses bas instincts sans en contaminer la cause publique, etc..

L’ennui, c’est que ces deux positions sont, en Hongrie, celles de deux infimes minorités politisées, qui avaient chacune « choisi leur camp » longtemps avant le numéro d’équilibrisme bruxellois de József Szájer. Non seulement les penchants sexuels de ce dernier étaient – chose confirmée par de nombreuses déclarations de ses pairs suivant le scandale – bien connus dès avant son départ pour Bruxelles, et même longtemps avant le retour au pouvoir du FIDESZ en 2010, mais même son goût prononcé pour les orgies – auquel la vie bruxelloise a donné l’occasion de s’affirmer – n’avait précédemment échappé ni à ses pairs – ni même au public ! Des tentatives d’« ousting » de József Szájer (par photos volées etc.) avaient eu lieu longtemps avant cette malheureuse histoire de gouttière. Or, toutes avaient fait long feu : de menues contre-attaques de la presse gouvernementale avaient à chaque fois suffi à étouffer des « affaires » qui, de toute façon, n’intéressaient pas vraiment le public.

A ce point, nous nous devons d’offrir un élément de contextualisation qui ne peut que manquer à ceux qui n’ont pas vécu en Hongrie, ne parlent pas hongrois etc. – a fortiori en France, où la Hongrie de Viktor Orbán est devenu l’objet d’une activité de mythification intense dans les cercles de la droite anti-immigration. Contrairement à divers racontars, les Hongrois, non seulement n’ont rien de puritain, mais sont même culturellement caractérisés par une indifférence à la morale sexuelle qui dépasse clairement celle des (très libertins) Français. Ce trait culturel est d’ailleurs encore plus marqué dans la Hongrie nationaliste – historiquement héritière du mouvement Kuruc et de son opposition à la contre-réforme jésuitique, alliée de la domination autrichienne.

Comment, dans ce cas, expliquer l’ampleur sans précédent qu’a, cette fois-ci, pris la « glissade » de l’eurodéputé ? En nomment le grand éléphant blanc au centre de la pièce : la DICTATURE (pseudo-)SANITAIRE. C’est d’ailleurs cet aspect qui explique le rôle central qu’a pris, dans l’avalanche de memes déclenchée par l’affaire, la fameuse gouttière (en hongrois : eresz – d’où abondance de jeux de mots exploitant la paronymie eresz/kereszt – où le second élément, signifiant « croix », est à la base du dérivé keresztény, « chrétien »). Si József Szájer, en effet, a cru bon de s’écorcher les mains sur ce bout de zinc, c’est parce que, à la différence de ses « exploits » sexuels d’avant 2020, sa présence à cette soirée bareback était, cette fois-ci, illégale. Non pas en raison des pratiques sexuelles concernées (parfaitement légales, voire encouragées, en Belgique), mais du couvre-feu imposé (comme en temps de guerre !) par un appareil politico-médiatique auquel József Szájer appartient pour « combattre » – nous dit-on – une « pandémie » moins dangereuse que la plupart des grippes. Au moment où ils apprennent que « Jojo s’est fait poisser avec des extas », les Hongrois, comme la plupart des Européens, vivent depuis près d’un mois – pour la seconde fois en 2020 – dans un pays entier transformé, sous prétexte pseudo-sanitaire, en une sorte de camp de travail : établissements de restauration fermés, couvre-feu à 20h, masque obligatoire dans les rues des grandes villes, patrouilles avec armes de guerre dans les rues, etc..

Parmi les déclarations de l’organisateur de la partouze, tandis que les libéraux de gauche se concentraient sur des allusions à la présence fréquente, à ces soirées, d’autres dignitaires hongrois et polonais, et que les libéraux de droite (ou : pseudo-populistes) se concentraient sur des aspects policiers permettant, d’après eux, de subodorer un complot – on relève une affirmation trop rarement commentée : celle selon laquelle l’orgie aurait été réservée à des participants ayant déjà « eu le Covid », et étant, par conséquent, immunisés. Cette pratique n’a, certes, rien de surprenant dans ce monde du bareback, où la séropositivité HIV constitue depuis longtemps une sorte de « passeport vaccinal » hétérodoxe. Mais elle souligne l’aspect le plus troublant de l’affaire (du moins pour ceux qui veulent bien la considérer dans sa réalité, sans passer par les filtres des libéraux ou par ceux de leurs jumeaux « illibéraux ») : ni József Szájer, ni la vingtaine de partenaires dont il entendait, ce soir-là, faire le bonheur, ne semblaient craindre ce « virus mortel » qui a « justifié » le saccage des économies européennes… sans pour autant créer de surmortalité démographiquement observable. A en croire l’organisateur de la soirée, ils semblaient même souscrire à la thèse (rendue hérétique par la presse de Bill Gates) de l’immunité naturelle (non-vaccinale) : comme toutes les grippes, on l’attrape, on en guérit, et on est à l’abri pour la suite (quoiqu’en disent, par ailleurs, les fameux tests PCR, et les fameux experts de l’OMS).

Mort clinique de l’orbánisme

Bien plus qu’une nouveauté, l’affaire Szájer est donc un révélateur. Le révélateur de la fin d’une époque de la politique hongroise. Au moment où j’écris, on ne peut certes pas exclure que le FIDESZ reste – notamment faute de concurrent crédible – le premier parti de Hongrie pendant quelques temps encore, même s’il semble maintenant clairement condamné à perdre ou partager le pouvoir dès les prochaines échéances électorales. Et Viktor Orbán – dont le remplacement fait déjà l’objet de nombreuses intrigues dans les coulisses de son propre parti – pourrait même, avec beaucoup d’adresse et énormément de chance, rester aux commandes de ce navire en perdition, tout comme il avait survécu à une défaite (certes bien moins grave) en 2002 : là aussi, avant tout, faute de contre-candidat disposant à la fois d’une aura suffisante, et du courage de l’exploiter. Mais, même dans ce scénario désormais peu probable, les bases du régime auront si radicalement changé que la continuité – si continuité il y a – sera tout au plus nominale.

Idéologiquement, le régime de la Hongrie de l’après-2010 est, dans son propre discours (relayé jusqu’à la nausée par « l’alter-européisme » de droite en France), fondé sur la « culture chrétienne » (comprendre : ce legs folklorique – à dimensions d’ailleurs variables – qu’on choisit de conserver après la mort de facto du christianisme comme religion en Occident) et le « refus de l’immigration » (la Hongrie étant un pays… d’émigration) – c’est-à-dire sur deux thèmes qui n’intéressent pas les Hongrois, ni « de droite », ni « de gauche » (lesquels seraient en effet bien stupides de se passionner pour ces chimères qui n’affectent en rien leur quotidien). Mais, à la différence des dupes francophones de Zemmour et autres constructeurs de châteaux en V4, les électeurs pré-2020 du FIDESZ savaient bien, eux, pour quel programme réel ils votaient.

L’orbánisme – qu’on peut désormais analyser, à tous les sens du terme, à froid – constituait un équilibre politique délicat, reflet de l’équilibre tout aussi précaire qui définit depuis des siècles la culture hongroise, entre une volonté de perdurer comme corps national égaré en Europe et une volonté de s’intégrer à cette Europe. Le premier penchant était satisfait par les quelques mesures protectionnistes que Viktor Orbán, après d’énormes concessions par rapport à son programme révolutionnaire de 2010, avait réussi à « faire avaler » à Bruxelles. Le second, par cette « intégration euro-atlantique » dont le FIDESZ, parti orange pro-américain, avait été le fer de lance dès les années 1990 : cette intégration garantissait à la Hongrie des frontières occidentales (et, plus récemment, même orientales) ouvertes – enjeu de toute première importance dans un pays d’émigration. Le véritable débat de société dominant cette Hongrie pré-2020 n’avait donc rien à voir avec ces fantômes que sont, en Europe post-communiste, l’Islam et l’agenda LGBT : c’était, pour un jeune diplômé à Budapest, de faire le choix de l’émigration économique ou d’une carrière au pays ; ou, pour un jeune bachelier de province dans l’Ouest de la Hongrie : essayer de fonder une petite entreprise au pays, ou aller grossir les rangs des travailleurs transfrontaliers qui passent et repassent tous les jours la frontière autrichienne. En effet, si les commentateurs favorables au régime (dont le soussigné) avaient souvent souligné que les Hongrois s’expatriaient, proportionnellement, moins que les Roumains, Polonais, Serbes etc. – ils oubliaient « stratégiquement » d’ajouter qu’en revanche, une bonne partie de la Transdanubie (région occidentale relativement riche – et vivier électoral du FIDESZ) était devenue une banlieue-dortoir de l’Autriche orientale.

On comprend tout de suite pourquoi les termes de cette équation ne peuvent pas survivre à la crise « covidienne ». Jadis perçu comme un ballon d’oxygène, le travail transfrontalier a fini par constituer, à partir de la consolidation des dictatures pseudo-sanitaires, une hypothèque aussi grave sur l’indépendance politique hongroise que celle que représente, dans le cas roumain, ce quart de la population travaillant et vivant le plus clair de l’année dans l’Ouest de l’UE. Dépendance reconnue à mi-mots par Orbán lui-même, qui s’est, pour ce faire, exprimé dans les termes de cette nouvelle théologie d’Etat qu’est la virologie covidienne ad hoc : la Hongrie, nous dit-il, « suit toujours d’une ou deux semaines les évolutions autrichiennes ». Epidémie ou intoxication médiatique ? Qu’importe : elle serait bien en mal de ne pas les suivre, dans la mesure où une fermeture unilatérale de la frontière par l’Autriche du mondialiste Kurz la soumettrait immédiatement à une saignée d’autant plus irrémédiable que la dictature covidienne l’a déjà rendue anémique…

Quant à la petite entreprise (le seul secteur de l’économie dominé par des capitaux hongrois), elle avait, jusqu’en 2020, ses places fortes dans le tourisme et la restauration : bars et logements AirBNB de Budapest qui ne désemplissaient pas de touristes surtout occidentaux, enterrements de vie de garçon, pornographie et industrie sexuelle (qui représentaient jusqu’à un point de PIB !). Sacrifiant ce secteur sur l’autel de la nouvelle religion covidienne, le FIDESZ a préféré se replier sur un électorat de retraités apeurés, auxquels il promet, comme tous ses homologues européens, la vie éternelle, tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour que son avenir soit celui d’un troisième âge en temps de guerre – c’est-à-dire une vie misérable, en général écourtée par la pauvreté, le manque de soins, voire l’insécurité. Ce sacrifice est d’ailleurs d’ores et déjà intégré à son modèle de calcul électoral, comme le révèle la suppression de facto du statut fiscal privilégié des autoentrepreneurs (le régime dit « KATA ») : ayant déjà perdu électoralement cette couche de la population, le régime de Viktor Orbán n’a plus de raison de lui faire de cadeaux fiscaux. Quant à l’ambiance chez les propriétaires de PME, on l’aura efficacement résumée en rappelant (comme je l’ai déjà fait ailleurs) que, depuis ce printemps, la vente à des étrangers de leurs actifs est, dans la plupart des cas, soumise à autorisation ministérielle.

Plus généralement, on peut dire que l’orbánisme s’est épanoui dans une Hongrie prospère de la reprise post-2008, jouissant – plutôt que d’un réel enthousiasme des masses – de l’indifférence bienveillante d’une population qui s’enrichissait d’année en année, et dont le régime ne contrariait pas les principales (et parfois contradictoires) appétences. Même à défaut d’une opposition politique crédible (qui tarde, là comme ailleurs, à se manifester), l’orbánisme ne peut donc pas survivre au saccage économico-social auquel il a lui-même soumis la Hongrie – la dépendance accrue vis-à-vis de la manne bruxelloise (au centre des débats de ces derniers jours sur « l’Etat de droit ») n’étant que l’un des aspects de ce paradoxe de base.

J’y reviendrai dans un autre chapitre de la présente série de « confessions », où j’essaierai de discerner les leviers de ce suicide, en répondant à la question des mobiles : quels motifs – ou quel réseaux – ont pu convaincre le leader de la plus vaste majorité démocratique d’Europe de saborder ainsi son régime ?

Mensonges du régime et régime du mensonge

Du coup, on comprend mieux pourquoi ni la presse gouvernementale hongroise (condamnée à couvrir les arrières de l’agenouillement covidien de Viktor Orbán), ni la presse d’opposition (au service de partis qui n’ont réussi à critiquer la dictature pseudo-sanitaire que pour regretter qu’elle ne soit pas plus dure) ne disposent d’autre stratégie que celle consistant à tourner indéfiniment autour du pot, en se gargarisant de « famille traditionnelle » (terme, fort heureusement, jamais défini), d’« homosexualité » et, bien entendu, de « migrations » – en vertu de la narration que l’appareil de propagande de Viktor Orbán a empruntée au mondialisme de droite : défendre la « famille traditionnelle » (et « donc » la natalité) serait, d’après cette narration, la seule alternative viable à « l’invasion migratoire ». Le hic, c’est que les deux termes de l’alternative sont totalement illusoires. L’invasion migratoire, bien réelle en 2015, n’a cependant jamais ciblé la Hongrie, qui s’est contentée de faire obstacle, pour le show, à un flot humain qui n’avait pas la moindre intention de s’attarder sur son territoire.

Et la « famille traditionnelle » – si on en réduit la définition à une hétérosexualité monogame en paradigme féministe – n’a jamais cessé d’être – et de loin – le modèle social dominant en Hongrie ; or ce modèle ne semble en rien s’opposer à la dénatalité qui frappe le peuple hongrois depuis les années Kádár : à la fois victimes du modèle culturel de la consommation statutaire (vivre en ville, posséder une automobile, etc.) et placés du mauvais côté (du côté périphérique) du système néocolonial du néolibéralisme occidental, les Hongrois – sauf bouleversement culturel qu’on ne saurait attendre du FIDESZ, c’est-à-dire de libéraux de droite – se remettront à faire des enfants quand ils auront, en termes de niveau de vie, rejoint l’Autriche. Avant 2020, on aurait pu – sous toutes réserves – fixer à cette improbable performance une date d’accomplissement quelque-part vers le milieu du XXIe siècle. A présent, après le saccage covidien – par le gouvernement de ce même Viktor Orbán – de l’économie et de la société hongroises, on peut raisonnablement répondre : jamais.

Le clan Ungár

Si l’homosexualité constitue, donc, une fausse clé de lecture pour « l’affaire Szájer », la lumière crue que cette affaire jette soudain sur les origines et la nature profonde du FIDESZ n’est pas sans utilité pour comprendre comment ces « héros de l’Europe renaissante » sont, en l’espace de quelques semaines, devenus les fossoyeurs de la Hongrie. C’est peu de rappeler que le FIDESZ, lors de sa fondation, était un parti ultra-libéral, jeuniste, dégagiste, favorable à « l’émancipation sexuelle », aux psychotropes et à la « culture rock ». Ou que le grand illibéral Viktor Orbán, ancien boursier Soros, a été vice-président de l’internationale libérale.

Le commentaire le plus révélateur qu’ait produit l’affaire Szájer en Hongrie est sans doute celui de Péter Ungár. Député d’opposition centriste/vert, cet héritier d’une des plus grandes fortunes hongroises, formé en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis dans des milieux proches du Parti démocrate, a été le premier politicien hongrois ouvertement homosexuel. Pour lui, l’affaire Szájer est « une chance pour le FIDESZ » : une chance de retrouver ses véritables origines, après sa brève passade illibérale.

Rappelons que Péter Ungár est le neveu de Klára Ungár, lesbienne assumée, qui a appartenu – aux côtés de Viktor Orbán – à la première fournée de députés du FIDESZ ; c’est cette même Klára Ungár qu’on retrouve à l’origine de la principale tentative d’ousting précédant l’affaire Szájer : elle avait alors « appelé à plus de transparence » non seulement József Szájer (qui – sans réel coming out – n’a cependant jamais fait grand mystère de ses goûts), mais aussi un autre homme-clé du régime : le député Máté Kocsis, chef du groupe parlementaire du FIDESZ (lequel – du fait, probablement, de plus hautes ambitions, a toujours dénié mener une double vie) ; un procès en diffamation intenté par ce dernier avait été… gagné par Klára Ungár.

Quant à l’ex-belle-sœur de ladite Klára Ungár, et mère dudit Péter Ungár, elle n’est autre que l’historienne Mária Schmidt. Pilier indéboulonnable du régime (en dépit d’une tentative échouée de putsch contre Viktor Orbán après sa défaite électorale de 2002 !), Mária Schmidt, amie personnelle de Steve Bannon, constitue de toute évidence, en tant que femme de liaison entre le régime FIDESZ et les élites cosmopolites du mondialisme de droite, le « Litvinov d’Orbán ». Elle dirige le Musée de la Terreur et l’Institut du XXIe siècle – deux think tanks centraux dans la définition et l’illustration de la doctrine « libérale de droite » dont se pare le régime : un « conservatisme » réduit à l’islamophobie (mais parfaitement compatible avec le féminisme et – plus discrètement – avec l’idéologie LGBT) et un nationalisme de bonne facture OTAN. Or, à la différence de son ex-belle-sœur démissionnaire et mutinée, et de son fils ténor de l’opposition, Mária Schmidt, elle, fait toujours partie – et en très bonne place – du FIDESZ.

Muni des ces éléments de contexte, le lecteur comprendra peut-être mieux, à présent, pourquoi la presse du FIDESZ commente si peu la déclaration susmentionnée de Péter Ungár, préférant se lancer dans une apologie (finalement bien inspirée, mais tardive) de l’hypocrisie, en affirmant haut et fort à quel point il est moralement héroïque de pratiquer l’illibéralisme juridique le jour et le gang-bang la nuit.

Modeste Schwartz

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