Anniversaire des gilets jaunes à Paris : un an de lutte

Le récit au coeur de la manifestation parisienne par Camille Mordelynch

Pour ce week-end du 16 et 17 novembre, les gilets jaunes étaient désireux de prouver qu’en dépit des obstacles et des machinations, ils avaient survécu à l’année écoulée. Ils sont toujours là, ceux que le gouvernement entendait neutraliser ; ceux que les médias présentaient continuellement essoufflés. Et ce samedi, plus agité que les précédents, a confirmé que la colère était toujours bien vive, et qu’elle n’entendait pas redescendre.

Les manifestations déclarées avaient pour objectif de contrecarrer les interdictions préfectorales ; mais une fois sur place, la police ne s’est pas contentée de contenir les débordements. Elle a, comme à l’accoutumée, cherché à séparer les cortèges et à éparpiller les manifestants au moyen de charges et de gaz lacrymogènes. Cette réalité nous conduit à distinguer les différents types de violence rencontrées sur le terrain : d’une part la barbarie policière, qui est sans égal en termes de dégâts humains ; d’autre part, la violence du camp d’en face, de l’ordre de la dégradation matérielle, se partage entre celle volontaire et assumée de groupes séditieux identifiables (type black blocks), et celle provoquée chez des individus sans propension particulière à la violence, mais que l’affrontement radicalise.

Tout est effectivement orchestré pour pousser les gilets jaunes au déchaînement d’agressivité : samedi après-midi, les manifestants ont été parqués place de la Bastille et place d’Italie, sans qu’aucune issue ne soit permise par les escadrons de CRS qui verrouillaient les artères. Une fois en vase clos, l’utilisation injustifiée de grenades et de tirs lacrymogènes – qui constituent, en plus de la toxicité de leur gaz, de dangereux projectiles (l’un d’eux ayant provoqué l’éborgnement d’un homme dans la journée) – échauffent les contestataires. Inévitablement, la situation s’envenime, d’autant plus vite après une année passée à encaisser mépris politique et persécutions policières.

Le traitement médiatique qui en est fait est toujours malhonnêtement orienté : caméras focalisées sur l’impétuosité des gilets jaunes, projecteurs braqués sur des incidents dont la presse se garde bien d’interroger les causes. En amont, toute cette stratégie de provocation menée par forces de l’ordre est passée sous silence. Encore un samedi où l’opinion publique est invitée à s’indigner du sort des deux valeureux CRS réfugiés dans une laverie, pendant que dans nos rangs, nos victimes aux visages mutilés s’additionnent sans émouvoir le plus grand nombre.

N’en déplaise à ceux qui voudraient nous voir relégués aux oubliettes d’une histoire que nous comptons bien écrire. Nous sommes et resterons présents, malgré leurs attaques et nos accalmies. Nos feux ont semé des braises fiévreuses qu’aucune eau ne saurait calmer.

Les gilets jaunes triompheront.

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