« Quand tu croises un journaliste, frappe-le ; si tu ne sais pas pourquoi, lui le sait »

Les médias se sont fait largement écho des agressions de quelques journalistes en marge des manifestations des « gilets jaunes ». Un vieux proverbe des radicaux des années 1990 me revient en mémoire à ce sujet : « Quand tu croises un journaliste, frappe-le ; si tu ne sais pas pourquoi, lui le sait ». Ce slogan est ouvertement provocateur, mais il traduisait une rupture avec cette caste. Cette violence n’est pas gratuite, elle est la conséquence des méthodes des médias. Une prise de conscience est nécessaire dans la profession. Il apparaît que les cibles prioritaires sont les journalistes de BFM ou de C-News, et il y a une logique à cela. C’est l’expression directe d’ une exaspération envers le traitement par les chaines d’information continue du mouvement des gilets jaunes. Elles travaillent sans interruption à faire passer le mouvement pour une émanation de la France « moisie ». Les plus radicaux ne l’oublieront jamais, et leur nombre augmente.

La rupture des classes populaires avec les médias est sans appel. Elles ne lisent plus la presse papier nationale, s’informent par Internet et les journaux gratuit ( en ville) et locaux ( dans les campagnes), et regardent les chaînes d’information avec un oeil très critique. Car elles ont vu les médias soutenir massivement Emmanuel Macron au moment des présidentielles.  Elles savent que les médias véhiculent les idées dominantes et sont aux ordres d’intérêts politiques et économiques., on ne peut même pas dire qu’ils jouent le jeu du système : ils en sont une partie intégrante et essentielle.

Il faut donc comprendre que les médias sont une partie intégrante du système, qu’ils sont l’avant-garde de son combat pour maintenir sa domination sur les « coeurs et les esprits » par la fabrication d’une opinion publique virtuelle. Ce sont eux qui distribuent les cartes, disent ce qui est convenable ou pas, de même que l’État fixe la limite entre ce qui est légal et illégal, légitime et illégitime. Si nous rejetons comme nulle et non avenue la « citoyenneté » que l’Etat confère, avec ses faux droits et ses devoirs abusifs, alors nous ne pouvons pas continuer à quémander la reconnaissance de la presse. « Toute révolution se passera forcément sans eux, contre eux ou malgré eux » écrivait notre collaborateur Saint-Martin il y a quelques années.

Cela étant posé, quelle attitude devons-nous adopter à leur encontre ?  Quand l’ennemi veut vous imposer son terrain de bataille, il faut le refuser. Refusons donc de parler aux médias. Le développement d’un discours alternatif, qui ne dénature pas nos révoltes, est encore possible sur Internet. Mais les grands groupes qui le dominent (les fameux GAFAM) pourraient avoir intérêt à accéder aux requêtes des groupes de pressions et des États exigeant qu’on verrouille ce canal d’information trop libre.

Il y a donc urgence à multiplier les rapports et les échanges directs en dehors des médiations officielles. Le mouvement des « gilets jaunes » est parti de discussions à la pause ou en famille. Le renversement du système commence par le dialogue des Français les uns avec les autres.

Louis Alexandre 

 

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