Le point sur l’épidémie de Covid-19 avec Béa Bach

Béa Bach est la plume de la Section Santé d’E&R, un  collectif de professionnels. Elle anime aussi une émission santé sur  ERFM « Le B.A.-BA de Béa Bach ».

Comment jugez-vous la réaction du gouvernement français face à l’épidémie de Covid-19 ?

Le confinement est le moyen de lutter contre les épidémies. L’histoire nous a montré qu’il a souvent été plus efficace que la vaccination. Par exemple -et malgré les fausses informations sur le sujet- l’OMS a reconnu que l’éradication de la variole avait échoué par la voie vaccinale, mais réussi dès lors qu’on était revenu à une politique d’endiguement. Le confinement était donc une mesure indispensable dans notre cas. On peut d’ailleurs s’en doute se réjouir du fait qu’aucun vaccin n’était encore prêt ! Mais on peut faire remarquer que, dans la mesure où on ne fait pas tout ce cirque à chaque épidémie de grippe :

  • soit en en fait trop aujourd’hui,
  • soit on n’en faisait pas assez avant.

Dans les deux cas, nous manquons de cohérence. En cela, on pourrait qualifier la réaction du gouvernement comme théâtrale et désorganisée.

Théâtrale parce qu’on ne part pas en guerre contre un virus ou une maladie. C’est une métaphore souvent utilisée – contre le cancer par exemple – mais assez mal choisie. Un montagnard par exemple ne dirait jamais qu’il part en guerre contre un sommet. Il connait humblement la montagne, il s’y prépare sérieusement et sait anticiper les changements de temps. C’est tout. On pare le virus de caractéristiques anthropomorphiques : il est invisible, sournois, etc. Bref c’est le méchant de l’histoire. Fanfaronner ainsi est une façon pratique de désigner un ennemi extérieur, qui favorisera la cohésion intérieure. Les applaudissements du personnel soignant par les confinés à 20h00 tous les soirs en sont une illustration sympathique. Mais beaucoup avaient craint – avec raison depuis lundi dernier et l’état d’urgence sanitaire- que sous prétexte que « nous sommes en guerre », cette pandémie ne soit l’occasion de monter d’un cran dans l’escalade vers un état autoritaire. Une mise en scène théâtrale permet toujours de mieux faire passer la pilule.

Faire porter le chapeau au virus permet d’autre part de ne pas trop insister sur la responsabilité humaine ayant sans doute participé à son apparition : ventes d’animaux sauvages sur des marchés bondés ou dérive de l’ingénie virale. C’est entretenir l’idée que nous ne sommes pour rien dans ce qui nous arrive, que nous serions victimes de la maladie et de la faute à pas de chance. Il serait temps de nous rappeler que nos choix et nos actes quotidiens, individuels comme collectifs, influencent grandement notre santé, et que nous pouvons avoir une part active dans sa gestion.

Pour finir sur la désorganisation, les mesures de confinement total ont été déjà largement commentées et critiquées. Nous avons les exemples de gestion différente en Chine, en Corée ou à Hong-Kong qui, en mettant l’accent sur le dépistage individuel, ont parfaitement fonctionné. Comme quoi, le manque de tests est un problème technique, qui semble-t-il, est tout à fait surmontable.

Le système de santé de notre pays est t-il en état de faire face au défi de cette crise sanitaire ?
Il faut déjà faire remarquer que notre système de santé découle de la mise en place du système de soin moderne, que l’on peut situer dans les Etats-Unis du début du siècle dernier. Ce hold-up a demandé stratégie et concertation entre l’American Medical Association et le capitalisme industriel. C’est ainsi qu’au prétexte d’améliorer la formation des médecins et d’établir une « médecine scientifique », les grands groupes capitalistes sont entrés dans le jeu, et fait émerger le secteur pharmaceutique en tant que marché. Tous les systèmes de soins modernes de type occidental y sont maintenant structurellement soumis. Dans cette logique de marché, on a assisté ces dernières décennies à des économies en tout genre, du comptage du nombre de compresses aux déremboursements divers. Avec pour conséquences notre problème actuel : la réduction du nombre de lit de soins intensifs ou de matériel de réanimation.

Alors, comment faire face au défi de cette crise sanitaire ? A la guerre comme à la guerre ! Heureusement que nous pouvons compter sur les rouages et les petites mains de notre système de santé défaillant, qui en paient d’ailleurs les pots cassés en première ligne : nos équipes de chercheurs intègres, et notre personnel de santé dévoué.

Les « experts médiatiques » en matière de médecine sont décrédibilisés définitivement pour vous ?
Les journalistes scientifiques compétents, voire extrêmement compétents, existent bien, ce n’est pas la question. Comme à chaque fois, la question est de savoir : « à qui donne-t-on la parole ? ». Le « on » désignant toujours celui qui en a les moyens et le pouvoir. Et autour du pouvoir, il y a toujours la cour, qui espère sans doute par cette proximité recevoir quelques avantages. Ce mécanisme est observable presque de façon journalière dans le zèle que mettent certains journalistes, quel que soit le sujet, à défendre le président ou les décisions du gouvernement sans qu’on ne le leur demande.

Le politiquement correct, et son corolaire le manque d’indépendance d’esprit, viennent compléter le tableau. Il y a une uniformisation de l’information et du discours des « experts médiatiques » dans le domaine de la santé, comme dans le reste. Mais il me semble que de moins en moins de personne sont dupes, et qu’on sait chaque jour un peu mieux, où aller chercher l’information indépendante.

Pour les autres figures, les stars du petit écran par exemple, nous nous retrouvons à nouveau dans la politique-spectacle discutée ci-dessus. Il est significatif à mon sens que la fiche Wikipédia de Michel Cymes mentionne le qualificatif de « Animateur de télévision » à la rubrique « Activité principale ».

Comment expliquer que les préconisations du professeur Didier Raoult ne furent absolument pas suivies ? L’accusation de « fake news » est à l’origine de cette situation pour vous ?

Il me semble que c’est la suite logique de tout ce dont nous avons discuté. D’une part, la chloroquine casse la baraque de ceux qui rêvaient d’une nouvelle molécule, d’un nouveau vaccin, voire d’un Prix Nobel ! Pas de profit en vue, ni financier ni égotique, avec une molécule que des générations d’expatriés ont prise chaque jour de leur vie sur de très longues périodes.

Ensuite, il n’existe plus de pensée personnelle en médecine. Nous sommes à l’heure des consensus, des recommandations officielles et de la pensée unique. Les initiatives sont au contraire découragées quand elles ne sont pas punies. Il faut admettre que la médecine aujourd’hui est faite autant de discours et d’idéologie que de recherche effective en laboratoire. Le professeur Didier Raoult sort manifestement du lot, que ce soit intellectuellement, comme physiquement d’ailleurs. Etre accusé de propager une fake news n’effraye plus que les journalistes de cour, dans la mesure où ils ont encore quelques choses à perdre : leur ticket d’entrée dans les media et leur carrière. Mais ce qui est rassurant, c’est le succès de Didier Raoult sur internet. Un vent frais d’intelligence et d’indépendance qui a séduit les français. La preuve : ils ont lancé une pétition,que beaucoup ont sans doute reçue par mail, « Il faut écouter le professeur Raoult! ».

Merci encore pour vos réponses madame Bach

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